Procès Quatre jeunes néonazis suédois sont jugés pour "préparation d'actes terroristes" Le procureur suédois chargé du dossier a estimé l'affaire si grave qu'il a poursuivi les suspects pour "préparation d'actes terroristes" destinés à déstabiliser le royaume. A la barre, quatre jeunes Suédois d'allure un peu perdue défilent depuis le lundi 10 janvier, au tribunal de Västeraas, dans le centre de la Suède. Ces trois hommes et une femme sont suspectés d'appartenir à une cellule néonazie dont le but, selon l'accusation, n'était ni plus ni moins que d'imposer la terreur dans le pays pour se débarrasser de l'Etat- providence. C'est la première fois que des citoyens suédois sont traduits en justice conformément à la nouvelle loi sur les "crimes terroristes", entrée en vigueur en 2003 dans le pays scandinave, dans la foulée des attentats antiaméricains du 11-Septembre. Le recours à ce nouveau texte témoigne du sérieux avec lequel les autorités ont abordé un dossier qui, par certains aspects, peut paraître un peu léger. Car les accusés n'ont pas eu le temps, ou à peine, de mettre en application ce que le procureur, Thomas Häggström, a qualifié de "plan criminel". Ils ont eu beau jeu de le rappeler lors des deux premiers jours de l'audience. Tout comme ils ont affirmé ne pas avoir eu l'intention de mettre en œuvre ce plan, dont une copie a été retrouvée dans l'ordinateur du leader présumé de la cellule, Dan Dalén, un jeune de 23 ans. "Ce n'est pas parce qu'on écrit un manifeste qu'on va le suivre", a plaidé la femme, âgée de 20 ans. S'agissait-il de simples élucubrations de jeunes désœuvrés, fascinés par une idéologie défendue ? L'accusation est persuadée que le quatuor était bien décidé à passer à l'acte, selon un programme étalé sur plusieurs années. Le document découvert a permis d'en établir les différentes phases : "briser l'économie" en causant des dégâts massifs aux édifices publics ; faire exploser ponts, voies de chemin de fer, centrales électriques, châteaux d'eau, barrages, etc. ; "tuer les opposants" politiques, ainsi que des policiers ; transformer les néonazis en force de combat ; commettre des attaques-suicides. En forçant les autorités à investir dans les réparations des dégâts matériels prévus aux dépens de dépenses sociales, les accusés escomptaient convaincre d'éventuels sympathisants de les rejoindre dans leur lutte.Les jeunes gens avaient été arrêtés en septembre 2004, après avoir brisé les fenêtres d'une école de Västeraas. Le procureur a vu là la preuve que la première phase du plan de déstabilisation était en route. Les enquêteurs ont par la suite découvert des numéros de téléphone et des informations concernant quelque 70 personnes, dont des responsables politiques et des policiers. "Leur but était de tuer ces gens, pas de leur envoyer des cartes de vœux", a déclaré un enquêteur à la presse locale. Pour un autre, "il ne s'agit pas de fantasmes de quelques jeunes attardés mais d'un plan très détaillé". Ils encourent des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité. Dan Dalén est l'ancien chef pour Västeraas du Front national-socialiste (NSF). Il a déjà été condamné à trois mois de prison pour incitation à la haine raciale, peine qui avait été commuée en une période de surveillance à distance, avec bracelet électronique. Il est connu pour avoir participé à des entraînements paramilitaires organisés par un groupuscule nazi, la Légion Wasa. L'un de ses coaccusés, âgé de 31 ans, était également membre du NSF avant d'en être exclu, selon la revue antiraciste Expo. Dans un pays où aucun parti d'extrême droite d'ampleur nationale n'a pu prendre racine, les groupuscules néonazis attirent un bon millier de Suédois, souvent très jeunes. Certains de ces mouvements, surveillés par la police, ont commencé à accepter le jeu démocratique en présentant des candidats aux élections municipales. Le NSF a ainsi récolté quelques centaines de voix dans des communes du sud du royaume, réputé moins fermé aux thèses racistes.