Annonce Quatre détenus ont été tués hier, mettant fin à une longue pause des exécutions.Le Japon revient à la mort par pendaison Les couloirs de la mort japonais n'ont que faire des départs en vacances e des visites au sanctuaire pour aller prier les dieux de la vie et de l'amour Les couloirs de la mort japonais ne connaissent pas la trêve de la Noël. Hier après une pause de plus d'un an, le Japon a décidé de reprendre le exécutions. En ordonnant non pas une, mais quatre mises à mort. Une faço de célébrer les quatre mois au pouvoir du Premier ministre, Shinzo Abe dont le gouvernement a fait une priorité de la lutte contre l'insécurité et l multiplication inquiétante des crimesComme d'habitude, car c'est la coutume dans un Japon qui compte près de un millier de condamnés à perpétuité et où le débat sur la peine de mort reste néanmoins marqué du sceau du silence, le nom des condamnés pendus hier n'a pas été rendu public.Arbitraire. A en croire différents médias, l'un des exécutés de Noël serait Hiroaki Hidaka, 44 ans, condamné à mort pour le meurtre de quatre femmes, dont une adolescente de 16 ans. Les quatre exécutions (par pendaison), très vite annoncées par le ministère de la Justice à Tokyo, ont aussitôt déclenché un tollé parmi de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, et de vigoureuses réactions, tant au Japon qu'à l'étranger. Amnesty International insiste pour que l'Etat nippon mette fin au plus vite à son «usage cynique et arbitraire de la peine de mort». Dans un texte collectif, un groupe de parlementaires japonais issus de plusieurs partis politiques s'est aussi insurgé contre une «peine de mort [...] sans pitié, cruelle et antidémocratique». En cause : l'arbitraire et l'iniquité qui précèdent et entourent chaque exécution. «Les détenus âgés ou mentalement déséquilibrés sont abandonnés des décennies entières dans le couloir de la mort jusqu'au jour de leur exécution», rappelle Amnesty International. Et c'est seulement depuis 1998 que le gouvernement prend la peine d'annoncer officiellement que des pendaisons ont eu lieu.Echafauds. Au Japon, tout condamné à mort est longuement confiné avant sa pendaison dans une cellule truffée de caméras. Parfois durant de longues années, il lui est impossible de communiquer avec l'extérieur. Les visites de parents et toute correspondance avec la famille sont formellement interdites. «L'univers carcéral au Japon, ce n'est pas Midnight Express, c'est le Moyen Age. Les prisons japonaises utilisent des méthodes sadiques pour tenter d'obtenir, elles le savent en vain, la repentance du condamné», confie un ancien prisonnier français qui a goûté durant plusieurs années aux cellules nippones. De même, la date et l'heure de l'exécution d'un condamné ne sont dévoilées qu'au dernier moment même la famille n'est prévenue que peu avant et parfois juste après la mise à mort. Aujourd'hui, une cinquantaine de condamnés à mort peuvent à tout moment monter sur les échafauds nippons, dont sont équipées au moins sept prisons pleines à craquer.Châtiment. Pourtant, la peine de mort ne semble pas poser de cas de conscience au Japon. Les sondages montrent qu'une majorité de Japonais restent attachés à ce châtiment, dans un contexte de recrudescence du crime dans l'archipel. Makoto Suzuki, un abolitionniste chrétien, a dénoncé un «acte d'une grande insensibilité». «La Noël était pourtant le jour propice pour réaffirmer les valeurs humaines au Japon», a-t-il regretté. L'archipel nippon est, avec les Etats-Unis, le seul grand pays industrialisé à ne pas avoir aboli la peine capitale. Seiken Sugiura, le précédent ministre de la Justice, un avocat fermement opposé à la peine capitale en raison de ses convictions bouddhistes, avait suspendu toute exécution et la dernière pendaison avait eu lieu quelques jours avant son entrée en fonctions en 2005. Au Japon, les arrêts de mort doivent être contresignés par le ministre de la Justice pour être exécutés. Malgré d'intenses pressions, le ministre Sugiura s'était toujours refusé à envoyer le moindre condamné au gibet.
