Inauguration Quand ça va pas, t'y vas" / Première structure de ce genre en Europe, la Maison des adolescents a été inaugurée mercredi à Paris. Les 12-19 ans pourront s'y rendre gratuitement, avec ou sans rendez-vous, pour des petits et grands maux. Visite guidée. "Je suis trop gros, je suis trop maigre. J'en ai marre de la vie. Je n'arrive pas à dormir avant deux heures du matin. Comment je peux savoir si c'est le moment ?". Ces questions, nombre d'adolescents se les posent et ne trouvent pas forcément l'interlocuteur à même de leur fournir des réponses. A l'initiative de la Fondation de Paris-Hôpitaux de France, dirigée par Bernadette Chirac, une "Maison des adolescents"* a été inaugurée mercredi à Paris, sur le site de l'hôpital Cochin. Vu de loin, le bâtiment ressemble à un immense paquebot, tout en verre et en métal. On y accède en empruntant les allées d'un petit jardin. Végétation que l'on retrouve jusque sur le toit, aménagé en terrasse. Quelques chiffres - 6 millions d'ados en France -1,4 million en Ile-de-France -95% des ados se déclarent en bonne santé -Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les 15-19 ans Passé les portes de cette maison luxueuse, baptisée "Maison de Solenn", du nom de la fille, décédée en 1993, du journaliste Patrick Poivre d'Arvor, les adolescents de 12 à 19 ans mais aussi leurs parents seront reçus dans un hall gigantesque (600 m2), inondé de lumière. Gratuit et sans rendez-vous "Cet Espace Santé sera un lieu de prévention où on accueille, on écoute, on informe, explique sa responsable Isabelle Ferrand. Nous dirigerons ensuite l'adolescent, en fonction de ses besoins, vers l'équipe médicale composée notamment de deux psychiatres, une endocrinologue, un médecin et un pédiatre". Les consultations sont gratuites, l'adolescent pourra venir avec ou sans rendez-vous. La terrasse située au-dessus de la Maison de Solenn- "On estime à 10% le nombre d'adolescents qui ne vont pas bien, de manière chronique ou permanente ", explique le professeur Marcel Rufo. Le célèbre pédopsychiatre a décidé de quitter Marseille pour venir diriger le centre parisien. "Parmi les petits et grands maux, on retrouve les troubles alimentaires, la dépression, l'anxiété, mais aussi les problèmes de peau, les conduites à risque ou le suicide… La création de cette Maison est fantastique car les adolescents ont ceci de particulier qu'ils ne peuvent pas être mélangés avec des enfants ou des adultes". Pour la première fois en Europe, la maison des ados proposera une prise en charge globale de la santé de l'adolescent, en s'appuyant sur une approche pluridisciplinaire et de compétences pluriprofessionnelles. Est-ce que les parents seront prévenus si les ados se présentent seuls ? "Uniquement s'il faut envisager des soins, précise le professeur. Mais nous voulons aussi, tant que faire se peut, travailler de conserve avec les parents, car quand l'enfant va mal, en général les parents ne vont pas mieux". "Ce design, c'est trop de la bombe" Chambre à la Maison des adolescents- Outre les consultations, la Maison de Solenn comprend 20 lits d'hospitalisation, destinés à accueillir des adolescents souffrant de diverses pathologies, dont l'anorexie. Dans les étages, des jeunes, conviés à l'inauguration, explorent les lieux : "regarde ce design, c'est trop de la bombe, on aurait presque envie d'être malade", s'exclame Aurélie, lycéenne de 17 ans, en entrant dans l'une des spacieuses chambres. "Cet endroit ressemble à tout sauf à un hôpital, constate Hafsa, 19 ans, étudiante en Terminale SMS au lycée Emile Dubois à Paris. C'est coloré, lumineux, il y a même des couettes à la place des draps !". "On sent que c'est une maison à nous et à personne d'autres, c'est un grand pas pour la santé des jeunes ", enchaîne sur un ton convaincu Elodie, une de ses camarades. Sourires du côté des aides-soignants. "On accueille d'abord l'ado et non une pathologie", explique l'un d'entre eux, reprenant les propos du professeur Rufo. Un peu plus loin, le couloir donne accès à l'espace des "soins culturels" : studio radio, salle de musique, de danse, une médiathèque, deux cuisines, un salon d'esthétique, une salle de cours où se relaieront trois enseignants… "On va mieux quand on a envie d'apprendre, explique Isabelle Ferrand, pour justifier de telles installations. La culture est un soin et quand on lance une pièce de théâtre ou un cours de danse, on relance aussi la vie". 1500 consultations par mois Salle de Musique- La Maison des adolescents va en outre comprendre une unité de recherche de  l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), consacrée exclusivement à la psychiatrie de l'adolescent. L'ouverture officielle du centre est prévue le 6 décembre. L'effervescence de l'inauguration passée, les équipes médicales vont désormais se concentrer sur leurs futures tâches. Ils ont prévu de réaliser 1000 à 1500 consultations par mois, une cinquantaine d'hospitalisations et de permettre à 130 jeunes de profiter du centre culturel. D'ici là, des plaquettes d'informations seront distribuées dans les établissements scolaires de la capitale avec comme slogan : "quand ca va pas, t'y vas". 26,2 millions d'euros Le coût global de la Maison des adolescents à Paris s'élève à 26,2 millions d'euros. La construction et les équipements non-médicaux ont été, en grande partie, pris en charge par la Fondation de Paris-Hôpitaux de Paris, présidée par Mme Chirac, grâce à l'opération "Pièces jaunes", ainsi que par les royalties du livre de Patrick Poivre d'Arvor, "Elle n'était pas d'ici". L'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, a pris en charge les aménagements et équipements médicaux et assumera les frais de fonctionnement de la structure.