Liberation Proche-Orient: Israël libère 400 détenus palestiniens BEITOUNYA (AFP) - Quelque 400 détenus palestiniens libérés jeudi par Israël, pour "renforcer" le leader palestinien Mahmoud Abbas, ont regagné leur foyers en Cisjordanie où ils ont été accueillis par des proches agitant drapeaux palestiniens et entonnant des chants patriotiques. Il s'agit du second contingent de prisonniers palestiniens à avoir été libéré par Israël depuis le sommet de Charm el-Cheikh (Egypte), le 8 février, lors duquel, le Premier ministre israélien Ariel Sharon s'était engagé à relâcher 900 prisonniers palestiniens. Transportés à bord d'autobus israéliens, les détenus ont été relâchés à des barrages militaires en Cisjordanie. Vingt et un ont été libérés à Erez, principal point de passage entre Israël et la bande de Gaza. Au barrage de Beitounya près de Ramallah, les 77 prisonniers libérés ont été accueillis par des proches brandissant drapeaux et portraits du défunt leader palestinien Yasser Arafat. Ils ont entonné des chants à la gloire d'Arafat et des prisonniers incarcérés en Israël. Les détenus se sont immédiatement rendus à la Mouqataa, le QG de l'Autorité palestinienne, où il se sont recueillis sur la tombe de Yasser Arafat, le chef historique des Palestiniens mort en novembre. "Je ressens une joie teintée de tristesse car nous avons laissé derrière 8.000 autres prisonniers qui souffrent plus que ceux de Guantanamo", affirmé Majd Barghouthi, à qui il restait 80 jours à purger sur une peine de 16 mois. Des détenus ont fait le V de la victoire et baisé le sol à leur arrivée au barrage de Taybeh près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. "La prison est un cimetière pour les vivants. Nous appelons l'Autorité palestinienne à tout faire pour faire libérer tous les détenus", dit Moussa Qoraan, 41 ans la barbe bien taillée. Originaire du camp de réfugiés de Balata à Naplouse, Qoraan a purgé cinq ans sur une peine de 9 ans à laquelle il avait été condamné. Selon le Club des Prisonniers, principal association de défense des détenus palestiniens, 209 des prisonniers libérés avaient moins d'un an de leurs peines à purger et 191 avaient entre un et neuf ans à purger. Lors du sommet de Charm el-Cheikh avec Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien s'était engagé à relâcher 900 prisonniers palestiniens sur un total de quelque 8.000. Un premier contingent de 500 détenus a été relâché le 21 février, les autres libérations avaient été gelées à la suite d'un attentat suicide palestinien à Tel-Aviv le 25 février, qui avait fait cinq morts. Les dernières libérations ont été approuvées dimanche par le gouvernement israélien, qui a exclu l'élargissement de détenus impliqués dans des attentats ou attaques ayant causé mort d'homme. M. Sharon a justifié ces libérations par la nécessité de "renforcer les éléments modérés au sein de l'Autorité palestinienne". La radio militaire israélienne les a présentées comme un geste destiné à renforcer la position de M. Abbas et "faire plaisir aux Américains" qui pressent Israël de le soutenir. Le président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères du Parlement, Youval Steinitz, les a en revanche dénoncées. "Nous nageons dans l'absurde, les Palestiniens préparent des attentats suicide et nous libérons des détenus", a-t-il déploré à la radio. Il faisait allusion à l'annonce mercredi par la police de l'arrestation de cinq Palestiniens du Jihad islamique impliqués selon elle dans un projet d'attentat à Jérusalem. M. Abbas devait regagner la Cisjordanie vendredi en provenance d'Amman où il a subi mercredi un cathétérisme cardiaque. "J'ai subi des examens médicaux de routine et je suis en bonne santé", a-t-il déclaré jeudi aux journalistes. Par ailleurs, des centaines d'hommes armés ont manifesté à Gaza, exigeant le départ du ministre palestinien de l'Intérieur Nasr Youssef. Ils ont dénoncé sa décision de placer les Renseignements militaires sous la tutelle de son ministère, qualifiant cette mesure de "complot"