Procès Procès de pédophilie d'Angers: la partie civile espère une "prise de conscience collective" Les défenseurs des victimes dans l'affaire de pédophilie d'Angers ont formé lundi le voeu d'une "prise de conscience collective" pour mieux prévenir la criminalité sexuelle en France, à trois jours de l'ouverture d'un procès d'assises d'une ampleur exceptionnelle. "Il est indispensable que ce procès suscite une prise de conscience collective, et une réflexion sur la prévention de la pédophilie et le suivi socio-judiciaire des délinquants sexuels", a déclaré le président du Conseil général de Maine-et-Loire, Christophe Béchu (UMP). M. Béchu s'exprimait aux côtés de quatre avocats en tant qu'administrateur ad hoc de 44 des 45 victimes au procès d'Angers, aujourd'hui âgées de 4 à 17 ans, et abusées sexuellement, voire prostituées, entre 1999 et 2002, parfois par leurs propres parents ou grands-parents. "Ce qui est arrivé ici peut, hélas, se reproduire ailleurs", a estimé l'élu en souhaitant que ce procès, qui doit d'ouvrir jeudi, "puisse servir d'exemple pour aider à la détection d'autres situations aussi odieuses". Le président de la collectivité a indiqué que 21 des 23 familles - auxquelles appartiennent les 66 accusés - impliquées dans l'affaire étaient "connues ou suivies" par les services sociaux du département. Quinze d'entre elles avaient fait l'objet de "signalements des services du département ou d'associations partenaires" pour des "carences éducatives", parfois avec des "suspicions de maltraitance de nature sexuelle", a souligné M. Béchu. "Il est faux de dire que les travailleurs sociaux n'ont rien vu ni rien fait. Mais leur mission n'est pas de remplir un rôle de policier ou de magistrat. Quand ils interviennent, c'est à la demande de la famille", a-t-il fait valoir. Répondant sans le nommer à un avocat de la défense, Me Pascal Rouiller, qui a évoqué des "dysfonctionnements" de la part services sociaux, M. Béchu a jugé "indigne de vouloir détourner l'attention des responsables vers les institutions". "Nous avons affaire dans ce dossier à des adultes particulièrement dissimulateurs et manipulateurs, coupables d'une sorte de trahison envers les travailleurs sociaux", a-t-il affirmé. Le département de Maine-et-Loire, qui fut l'un des premiers à se doter - dès 1998 - d'un "schéma enfance-famille", a depuis mis en oeuvre une "charte du signalement" et plus récemment une "convention vigilance pédophilie" pour afficher sa mobilisation contre la maltraitance sur mineurs. Mais au-delà des compétences des services du département, l'affaire de pédophilie d'Angers a suscité beaucoup de questions autour du suivi socio-judiciaire de plusieurs accusés, déjà condamnés par le passé dans des affaires de moeurs, alors que le fichier national des délinquants sexuels n'existait pas. "C'est l'un des enjeux de ce procès : que la réflexion de nos politiques et des professionnels s'accélère", a estimé Me Meriem Baba-Roncière, tandis que Me Alain Fouquet jugeait "souhaitable que la justice puisse saisir les services sociaux" pour assurer un meilleur suivi des condamnés. A 72 heures de l'ouverture du procès, Me Alain Fouquet a dit de son côté ressentir "une immense nausée". "Mais nous n'avons pas le droit de nous en tenir à ce sentiment de dégoût. Il faut que ce procès soit un électrochoc qui nous sorte, nous tous, de notre léthargie", a-t-il affirmé.