Condamnation Prison ferme pour un journaliste de Hongkong en poste en ChineEn moins d'une semaine, deux journalistes travaillant pour des médias étrangers en Chine ont été condamnés à des peines de prison ferme. Jeudi 31 août, le tribunal intermédiaire numéro deux de Pékin a condamné à cinq ans de prison un journaliste de Hongkong accusé d'espionnage au profit de Taïwan. C'est la même cour qui avait condamné vendredi dernier à trois ans de prison, pour fraude, un collaborateur chinois du New York Times, Zhao Yan, abandonnant cependant les charges de "divulgation de secrets d'Etat".La justice chinoise a reconnu la culpabilité de Ching Cheong, 56 ans, jugé à huis clos le 15 août, selon une brève dépêche de l'agence officielle Chine nouvelle confirmant une information d'abord donnée par l'avocat du journaliste.L'ancien correspondant du quotidien singapourien The Straits Times à Hongkong avait été arrêté en avril 2005 à Canton, dans le sud du pays, et inculpé d'"espionnage" quatre mois plus tard. Selon l'accusation, le journaliste aurait collecté entre 2000 et 2005 des renseignements en Chine, de nature "politique, économique et militaire", classés "confidentiels" ou "top secret" pour certains. Il les aurait ensuite vendus à Taïwan.UNE CONDAMNATION "INJUSTE"L'épouse de Ching Cheong a estimé que l'arrestation de son mari était liée à ses tentatives d'obtenir le manuscrit d'interviews secrètes du dirigeant réformateur Zhao Ziyang, victime d'une purge au sein du Parti communiste et décédé il y a plus d'un an.A Hongkong, la condamnation a eu l'effet d'une douche froide sur la communauté journalistique. "Sa condamnation est injuste. Ce n'est pas acceptable qu'un procès à huis clos puisse condamner quelqu'un pour aussi longtemps", a déclaré Lo King-wah, vice-président de l'Association des journalistes. Et d'ajouter : "On ne sait même pas s'ils avaient des preuves contre lui." Sa condamnation va "refroidir" les ardeurs des journalistes à couvrir l'actualité chinoise, a-t-il prévenu.L'employeur du journaliste, le groupe Singapore Press Holdings, a lui fait part de sa "préoccupation". "Nous savons qu'il n'est pas en bonne santé (...), nous demandons aux autorités chinoises de faire preuve d'indulgence et de compassion", a indiqué le groupe de presse. Mettant en cause l'équité du procès, le groupe a expliqué : "Nous tenons à rappeler que depuis que nous l'avons recruté en 1996, son intégrité et son professionnalisme n'ont jamais été mis en cause."
