Annonce Prise d'otages et état d'urgence au Pérou Un groupe de 160 hommes armés exige la démission du chef de l'Etat. Les autorités péruviennes ont décrété l'état d'urgence dans la ville andine d'Andahuaylas, à 400 km au sud-est de Lima, où un groupe d'environ 160 hommes en armes dirigés par un ex-officier ultranationaliste a pris dix policiers en otage, samedi, après avoir donné l'assaut au commissariat de la ville. Cinq policiers ont été tués dans la fusillade qui a éclaté durant l'assaut, selon la radio publique péruvienne. «Corruption». L'attaque contre le commissariat de la ville de la province de l'Apurimac a été lancée aux premières heures du jour de l'an par l'ancien commandant Antauro Humala, qui a exigé la démission du président Alejandro Toledo, accusé de «corruption généralisée». L'ancien militaire s'était fait connaître en 2000, avec son frère, Ollanta, par un bref soulèvement contre le gouvernement de l'ancien président Alberto Fujimori. Outre la démission du gouvernement, les «rebelles» réclament l'annulation de la mise à la retraite récente de plus de 250 officiers, dont Ollanta Humala, jusqu'à la semaine dernière attaché militaire à l'ambassade du Pérou en Corée du Sud. Depuis Séoul, ce dernier a appelé à une «insurrection populaire» contre Alejandro Toledo : «C'est le moment de nous soulever et de démontrer à la caste politique antipatriote que le peuple péruvien est capable d'assumer une attitude virile.» Les deux frères, sur les traces de leur père, Isaac Humala, se réclament d'un Mouvement «etnocacerista», bric-à-brac idéologique dont les références vont de l'empire Inca au général Caceres, ex-héros de la guerre contre le Chili à la fin du XIXe siècle. Autoproclamé «patriote» et «indigéniste», le mouvement etnocacerista veut lutter en vrac contre le FMI, le libre-échange et l'entreprise privée, l'Equateur et le Chili ; supprimer, selon Isaac Humala, «l'ancien système imposé depuis l'étranger depuis 1 532», date de l'arrivée du conquistador Pizarre au Pérou, car «les systèmes importés ne fonctionnent pas ici, il faut tourner le regard vers le Pérou du passé», celui des Incas. Le 12 octobre 2002, une poignée de sympathisants etnocaceristas avaient vandalisé une statue de Christophe Colomb à Lima. Par ailleurs, l'armée doit être «le ciment et le coeur de la nation», toujours selon Humala père. «Nous sommes racistes, affirme-t-il également, nous revendiquons la race cobriza (indienne).» «Affaire d'Etat». Hier, plus de 300 policiers fortement armés tentaient de reprendre le contrôle d'Andahuaylas. La proclamation de l'état d'urgence par le chef de l'Etat permet l'utilisation des forces armées en plus de la police. «C'est une affaire d'Etat», a indiqué Alejandro Toledo, en soulignant qu'il avait «confiance dans la police et les forces armées».