Tendance Prêt-à-porter féminin automne-hiver 2005-2006 Chisato, madame rêve La styliste japonaise présente un bestiaire, et le Belge Dries van Noten ses femmes dandys. Pour commencer, merci à Dries van Noten qui nous a offert, mercredi soir, de quoi torpiller d'éventuelles insomnies. Après son show du printemps-été, où il avait fait défiler ses mannequins sur une table de 500 couverts dressée, l'Anversois a cette fois investi, sans mise en scène particulière, l'Ecole nationale des beaux-arts. Il y a présenté, sur la BO de 2046, une collection noble et cool. Broche d'orchidées noires au revers des vestes ou rose noire dans les cheveux, ses femmes mi-dandys mi-gentlewomen farmers portent des pantalons fluides noués à la cheville par des rubans, d'épatants manteaux en laine ou velours froissé qui ondoient autour du corps (dont un rouille à impressions florales aux manches bordées de vison, sublime sur Alek Wek), des jupes au genou ourlées de fourrure ou qui bouffent au mollet, des robes en satin droites et fluides à pois, fleurs, fines rayures. La palette est de saison (safran, marron glacé, ardoise, noir) avec des percées rose vif, vert sapin, orange sanguine ­ y compris au pied, haut perché et bien flashy. Avec Tsumori Chisato, c'est carrément un envol pour une autre stratosphère, résolument onirique : la styliste japonaise (qui a oeuvré chez Miyake avant de fonder sa marque en 1990) imagine une héroïne complètement étrangère à ce monde de brutes, innocente en ample robe chasuble blanche, planante en poncho météo (ciel, nuages, gouttes de pluie), surréaliste en robe jaune étoilée où surgissent renards et chats. Ah, on allait oublier la chouette, pourtant omniprésente : d'entrée sur une minirobe noire, sur un sac, sur des collants et sur l'invitation du défilé (en plastique et à gonfler). La neige ne cesse de tomber sur la place de la Bourse (difficile pour les filles en talons aiguille) où Stella McCartney présente, sous les ors du palais Brongniart, une collection justement très girly. Mais pas passionnante. La bande-son, fait rare dans les défilés, est du hip hop en béton armé (Missy Elliott). Sur le runway pourtant, ça manque un peu de peps, avec d'immenses pulls crème arrivant aux genoux, des tailleurs noirs aux jupes légèrement gonflées et des mannequins, c'est bizarre, qui sourient. Chez Cacharel, l'esprit est au folklore mondial : des blouses gitanes avec des pantalons de Gaucho, des chemises western sur des jupons plissés, portés avec des mocassins indiens ou bottes à franges. Et partout des imprimés : fleurs, rayures, géométriques. A priori tout ce qu'on déteste, et pourtant dans ce show qui débuta sur le rock tendu de The Kills (quel contraste), passèrent quelques pièces nickel, notamment ce manteau en cachemire bleu canard et brun. Pour une collection d'hiver, c'est assez découvert : les filles vont bras nus. Une invitation aux frimas sous les tropiques ? Quant à Paul Smith, il ne défile pas à Paris mais à Londres : c'était il y a trois semaines sur une musique de LCD Soundsystem, décidément chouchou des DJ de mode. Présentée à Paris en show-room, la collection se situe là où on aime : à mi-chemin du portable et du branché, dans un mélange de choses de filles (les imprimés à fleurs) et de coupes masculines. Citons notamment ce trench fait de deux matières ; le haut et les manches sont en gabardine de coton (couleur mastic), les pans en velours arborent de grosses fleurs bleues. Et pour finir, le relookage maison de la fameuse basket Smith (Stan). Entièrement blanche, l'extrémité est juste recouverte des fameuses rayures Smith (Paul). Verdict : top.