Tendance PRÊT-À-PORTER féminin automne-hiver 2005-2006 Balenciaga, Dior et Gaultier on the beat Sur fond rock ou électro, du vison, du renard argenté, du crocodile rouge, de la plume d'autruche... alenciaga a ouvert la journée avec un mix de LCD sound system et Daft Punk, sur lequel déboulaient un tailleur et un pantalon vert tilleul avec renard cendré au col et aux manches qui prennent l'allure de manchons, apportant un bel arrondi à la silhouette longiligne comme Ghesquière l'affectionne. La fourrure, on la retrouvait tout au long du défilé, sur nombre de cols, tel celui de cette robe manteau portée par Stella Tennant en bas résille crème, ou ce gilet sans manches sur un pantalon en denim à revers retournés ­ détail également récurrent. La plume d'autruche borde des robes courtes, sensuelles en cuir noir ou plus évanescentes en mousseline blanche. Ceintrée ou fluide, la coupe met en valeur les épaules, marque la taille et allonge la jambe ­ et l'effet est encore plus garanti avec des sortes de leggins noirs à bandes métallisées. Et si le noir prévaut, notamment pour les manteaux aux beaux échos militaires, il laisse aussi place à une très graphique robe mauve vif à empiècement de cuir noir ou une chemise blanche à col lavallière... 36 modèles qui ne font que confirmer le talent de Ghesquière : maîtrise des formes, intelligence à renouveler le patrimoine de la maison, aisance dans toutes les matières : la classe. Pour Dior, John Galliano a d'abord replongé dans l'ambiance rock (fin sixties) de son dernier défilé haute couture. Une dizaine de modèles ­ impeccables, sauvages ­ se suivent dans un tir groupé : des pulls mohair à rayures, avec estafilades par endroits, portés seulement avec des bottes et des collants parfois troués ; des cabans et des vestes en laine noire, parfois brodés de roses (noires) et toujours très ajustés. Parfait pour les groupies du Velvet. Autre réussite, cette série de longs manteaux rouges (en crocodile, vison, mouton, velours, c'est selon les moyens), comme autant de clins d'oeil à l'Aviator Howard Hughes. En fond sonore, on passe de U2 à deux pianistes (sur plate-forme pivotante) qui réinterprètent Hit the Road Jack. Et comme, sur le podium, il en faut aussi pour tout le monde, John «pouffe Daddy» Galliano habille un lot de blondes de pantalons dorés et flirte avec le mauvais goût avec une salopette kaki portée sur un T-shirt lamé. On est quand même ravis au final par cet ultime blouson en astrakan aux manches infinies, qui détonne sur quelques robes en mousseline vaporeuses. On est entre PJ Harvey et Alison (VV) de The Kills. Galliano, dont le contrat se termine en 2005, veut-il devenir aussi rock que Slimane, son homologue chez Dior Homme ? Tout aussi mélomane, Jean Paul Gaultier, qui a ouvert son défilé sur T-Rex (et l'a clos sur Daddy Cool de Boney M), autour de mannequins coiffés façon Bowie période Ziggy Stardust... Pour qui sonne le glam ? On peut toujours rêver que ce soit pour nous, vu le chic de sa collection, qui fait une silhouette à la fois nerveuse et sexy : les leggins en lamé sont portés avec une veste-blouson en vison rouille ou un tailleur-jupe, un somptueux blouson blanc en astrakan de Chine bordé de blaireau répond à une jupe en chèvre blanche, suivi d'un manteau en vison noir avec ourlet en renard argenté souligné d'une frange de chèvre et porté à même la peau... Perchées sur des stilettos très Helmut Newton ou de hautes bottes qui gainent la jambe, ces filles n'ont pas froid aux yeux, assument tranquillement un pyjama du soir en velours noir bordé de fourrure, un peignoir en satin rouge à grand col pailleté, une combinaison en lamé argent, un simple plastron à sequins en guise de top. Pour les plus sages, une série de petites robes noires ajustées portées le cou ceint d'une fine écharpe noire terminée par des franges fait aussi son effet. Pour aller avec, on conseille les trenchs noirs à immense collerette, le manteau-cape asymétrique ou le blouson à effet blousé (!) châtaigne.