Annonce près neuf jours de conflit, les salariés de Michelin à Roanne ont repris le travailCe site Michelin de Roanne (Loire), qui produit des pneus haut de gamme, a rouvert ses portes samedi 13 mai à 5 heures de matin.La veille au soir, une immense colonne de fumée noire annonçait la fin du conflit. Il était 20 heures et les grévistes qui bloquaient depuis neuf jours l'usine, venaient de liquider leur stock de pneus usagés dans un brasier devant le site.L'assemblée générale, réunissant une centaine de salariés, venait de donner son accord au compromis sur les conditions de travail proposé par la direction aux syndicats SUD et CGT."Roanne est une usine pilote", expliquait Zakir Ali Mandjee, secrétaire national de SUD-Michelin, lors d'un rassemblement syndical organisé à Clermont-Ferrand en marge de l'assemblée générale des actionnaires du numéro 1 mondial du pneu. "De nouvelles organisations du travail se mettent progressivement en place, sans contreparties en termes de salaire et de reconnaissance des qualifications", souligne Michel Chevalier, le délégué central de la CGT-Michelin."Depuis trois ans, les agents de production ont des responsabilités supplémentaires, en particulier en matière de maintenance", explique Christian Loro, délégué du personnel et militant SUD, le syndicat majoritaire chez les 930 salariés de Michelin-Roanne. "Un nouveau pas a été franchi en 2005 avec les "organisations responsabilisantes". Des agents sont chargés de la gestion des flux de production et remplacent les chefs d'équipes."Pour Marc Lequerré, le directeur du personnel de l'usine de Roanne, "les salariés aspirent à autre chose qu'à des tâches répétitives d'exécution. Mais l'enrichissement des tâches ne signifie par pour autant qu'il faut travailler plus."PRIME DE PERFORMANCELa direction a cependant accepté d'étendre à partir de septembre la prime de performance à tout le personnel de production et de constituer des groupes de réflexion afin de lister les revendications sur les conditions de travail. Face à la menace de mettre le site en chômage technique, impliquant le non-paiement des salaires, les syndicats ont accepté de lever leur blocage."L'objectif principal de la nouvelle organisation de production est de baisser les coûts et d'augmenter la productivité", affirme Antoine Salguero, délégué central de SUD-Michelin. "Le groupe a des ambitions importantes en la matière", confirme M. Lequerré. Des déclarations, qui sont venues en écho aux propos d'Edouard Michelin tenus lors de l'assemblée générale des actionnaires. Le patron du groupe a expliqué que, "la marge de manoeuvre se réduisant", les objectifs fixé en début d'exercice seraient "plus difficiles à atteindre que prévu". M. Michelin a insisté sur l'impact de la hausse du coût des matières premières, qui serait de plus en plus difficile à répercuter sur les prix de vente, notamment dans l'activité poids lourds. Bien que le groupe affirme tabler toujours sur "un résultat opérationnel en progrès et un niveau de marge opérationnelle équivalent à celui de 2005", les déclarations de M. Michelin ont fait l'effet d'une douche froide à la Bourse de Paris : l'action a clôturé la séance de vendredi en baisse de 8,40 % à 54,55 euros.
