Statistique Près de 6 millions d'obèses en France La prévalence de l'obésité en France se confirme. Selon la dernière enquête Obépi (Obésité épidémiologie), rendue publique mardi 19 septembre, cette maladie chronique touche désormais 12,4 % de la population adulte (âgée de plus de 15 ans) contre 11,3 % en 2003 et 8,2 % en 1997. La France de 2006 compte ainsi 5,91 millions de personnes obèses. Lexique IMC : pour les adultes de 20 à 65 ans, l'indice de masse corporelle (IMC) est considéré comme une méthode fiable pour évaluer sa corpulence. Il s'obtient en divisant son poids (en kilos) par sa taille au carré (exprimée en mètres). Le poids d'un adulte est considéré comme "normal" quand son IMC est situé entre 18,5 et 24,9. En dessous de 18,5, on parle de "maigreur". Par exemple, une personne mesurant 1,70 mètre et pesant 60 kg a un IMC de 20,8. Surpoids : un adulte est en surpoids lorsque son IMC est compris entre 25 et 29,9. Obésité : lorsque l' IMC est égal ou supérieur à 30, les médecins parlent d'obésité. Au-delà de 35, l'obésité est dite "sévère" et au-delà de 40 "massive". [-] fermer Réalisée par le docteur Marie-Aline Charles, directrice de recherche à l'Inserm, et le professeur Arnaud Basdevant, chef du service de nutrition de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Paris, en collaboration avec la TNS Healthcare Sofres (qui a sondé 20 000 foyers représentatifs) et le financement des laboratoires Roche, l'enquête triennale Obépi scrute depuis dix ans l'augmentation insidieuse du poids des Français. Si l'obésité poursuit sa progression dans toutes les tranches d'âge, son rythme apparaît plus modéré qu'au cours des périodes précédentes, et la fréquence du surpoids - qui concerne 29,2 % de la population - reste stable. Néanmoins, il est trop tôt pour parler d'un infléchissement durable. "Ce petit frémissement est dû à des tendances nouvelles dans quelques sous-groupes, notamment chez les hommes et dans les populations les plus favorisées", note le professeur Basdevant. Alors que l'on sait depuis dix ans que la diffusion de l'obésité est inversement proportionnelle au niveau de revenus du foyer, cette disparité socio-économique est largement confirmée. Si cette maladie concerne plus de 18 % des foyers disposant de moins de 1 200 euros de revenus nets mensuels, en revanche, l'enquête enregistre, pour la première fois, une amorce de diminution de la prévalence - de 8,1 % à 5,4 % - parmi les hauts revenus (plus de 5 300 euros par mois). "Comme pour la plupart des pathologies, les plus aisés ont l'air de mieux résister", souligne le professeur Basdevant. Quatrième enquête du genre depuis dix ans, l'étude Obépi-2006 a également permis de comparer l'évolution de l'obésité selon les générations. Résultat : l'"effet générationnel" est très net et inquiétant. A un âge donné, les jeunes générations ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à celui de leurs aînés au même âge. Autrement dit, "l'obésité survient de plus en plus tôt dans la vie", résume le docteur Charles qui associe ce rajeunissement des obèses à "l'environnement nutritionnel, depuis la naissance, d'une génération". Ainsi, 10 % des personnes nées entre 1946 et 1951, sont devenues obèses à 49 ans. Cette proportion a été atteinte dès 34 ans parmi celles nées entre 1966 et 1972. "On est plus gros plus jeune, c'est la mauvaise nouvelle", reconnaît le professeur Basdevant. "Maladie chronique, l'obésité est d'autant plus importante qu'elle survient tôt dans la vie", rappelle-t-il. On peut craindre que les pathologies qui y sont liées - excès de cholestérol, diabète, hypertension artérielle - explosent dans les années à venir. Autre inquiétude, la part des obésités morbides (dites "massives") progresse d'année en année pour atteindre 0,8 % de la population, contre 0,3 % en 1997. "Nous sommes encore très loin des Etats-Unis où elle représente 9 % mais nous sommes sur la même pente que les Américains il y a quelques années", s'inquiète le professeur Basdevant. Enfin, si l'obésité poursuit sa progression dans toute la France, le Nord demeure la région la plus touchée (18,1 % de la population), suivie par l'Est (14,1 %) alors que la Bretagne (10 %) et Midi-Pyrénées (9,6 %) sont les moins concernés. Présenté début septembre par le ministre de la santé, Xavier Bertrand, le deuxième Programme national nutrition santé (PNNS) s'est fixé comme objectif de réduire de 20 % la prévalence de l'obésité et du surpoids d'ici à 2010.