Annonce Près de 10.000 décès dus à la pollution de l'air en 2002. Un rapport public chiffre le bilan sanitaire des rejets de particules fines dans l'atmosphère. Selon Le Point, le gouvernement le juge "embarrassant" pour l'industrie automobile. En 2002, jusqu'à 9.513 personnes seraient mortes en France à cause de la pollution de l'air en ville. C'est ce que révèle un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (Afsse). Les experts se sont intéressés aux dégâts provoqués par les particules fines (PM2,5). Ces particules, rappelle l'AFSSE sur son site Internet, "font partie des éléments polluants de l'atmosphère en ville, au même titre, par exemple, que le dioxyde d'azote (NO2)". Elles ont "comme principales sources d'émission les activités industrielles, le trafic automobile et le chauffage". "Les connaissances scientifiques sont imparfaites", reconnaissent les rapporteurs mais une évaluation de l'exposition à long terme à la pollution atmosphérique est "fondée", à leurs yeux. Diminutions des décès Chez les 30 ans et plus, les rejets de particules fines ont ainsi provoqué 6 à 11% des décès par cancer du poumon (670 à 1.117 morts) et 5 à 7% des décès par maladies cardio-vasculaires (3.334 à 4.876 morts). Selon les différents scenarii étudiés dans cette tranche d'âge, l'exposition aux particules fines explique entre 3 et 5% de la "mortalité totale". Soit 6.453 à 9.513 morts en 2002. Le rapport apporte également des estimations à l'horizon 2010 puis 2020, l'Union européenne imposant la réduction de rejets de PM2,5 dans les dix ans à venir. Les décès par cancer du poumon diminueraient : entre 575 et 962 en 2010 et entre 335 et 569 en 2020. Même tendance pour les maladies cardio-vasculaires : entre 2.828 et 4.147 en 2010 et entre 1.622 et 2.398 en 2020. "Embarrassant" L'hebdomadaire affirme par ailleurs que le rapport aurait du être rendu public le 3 mai. Mais, selon un fonctionnaire du ministère de la Santé cité par Le Point, le cabinet du Premier ministre ainsi que le nouveau ministre de l'Ecologie "s'y sont opposés", en raison du caractère "embarrassant" du document pour le lobby automobile. L'Afsse, contactée par tf1.fr, n'a pas souhaité commenter cette information. Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier a, quant à lui, démenti. "On n'a pas voulu cacher les choses", a-t-il affirmé, précisant que le document n'avait pas été initialement publié dans l'attente de "chiffres complémentaires", demandés par ses services. Le gouvernement étudie actuellement, dans le cadre d'un Plan santé-environnement qui pourrait sortir fin juin, "plusieurs mesures" pour limiter les émissions de particules fines des moteurs. Il discute notamment d'une généralisation des filtres à particules, qui équipent actuellement les véhicules diesel haut de gamme, ou d'une "prime à la casse" des voitures les plus anciennes. Au public de s'exprimer Le rapport fait partie d'une étude sur "l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine", qui comprend un second rapport. Lequel s'attache à étudier un ensemble de mesures pour réduire ces émissions et l'exposition de la population. Ces travaux sont disponibles sur le site de l'Afsse depuis mardi sous la forme de "documents de travail". Pendant un mois, le public est invité à donner son avis. Après lecture de ces commentaires, et leur éventuelle prise en compte, les rapporteurs éditeront alors une version définitive. Une démarche originale qui mérite d'être signalée.