Changement Premiers vols directs Chine-Taïwan depuis 1949Au vu des relations pour le moins tendues entre la Chine populaire et les "rebelles" taïwanais, voici un accord à forte dimension symbolique : des délégations du continent et de l'île nationaliste ont décidé, samedi 15 janvier à Macao, d'établir des vols directs entre la Chine et Taïwan. Cet accord, conclu à la suite d'une journée de discussions qualifiées de cordiales par les deux parties, est "historique", titrait lundi le quotidien chinois anglophone China Daily : depuis 1949, date de la défaite du Kouomintang de Tchang Kaï-chek et de l'arrivée au pouvoir des communistes à Pékin, jamais des avions chinois ne s'étaient posés à Taïwan et vice-versa. Ce consensus entre les frères ennemis chinois sera cependant limité dans le temps, dans l'espace, et ne concernera qu'un nombre restreint de passagers. Les premiers appareils décolleront le 29 janvier... pour une durée fixée à trois semaines, cette période permettant de couvrir largement les fêtes du Nouvel An chinois (9 février). Six compagnies aériennes, taïwanaises et chinoises, seront chargées d'organiser les 24 charters qui relieront Pékin, Shanghaï, Guangzhou (Canton) à Taïpeh et Kaohsiung, la deuxième ville de Taïwan. Seuls les hommes d'affaires de l'île "rebelle", établis en grand nombre en Chine populaire - entre sept cent mille et un million -, seront autorisés à rentrer chez eux fêter l'année du Coq... L'ambiance de guerre froide qui prévaut entre Pékin et Taïpeh ne laissait guère présager un tel accord. La République populaire menace toujours d'intervenir militairement dans l'île nationaliste si son président, Chen Shui-bian, continue d'agiter une rhétorique "indépendantiste". Pour Pékin, Taïwan fait toujours partie du continent. Un projet de loi "anti-sécession" devrait d'ailleurs être examiné à la prochaine réunion de l'Assemblée nationale populaire, permettant de légitimer l'éventualité d'une invasion chinoise de Taïwan.L'instauration de vols directs peut malgré tout se traduire en avantages politiques pour les deux parties. Au-delà, rien n'indique que l'événement puisse décrisper les relations sino-taïwanaises jusqu'à relancer des négociations politiques au point mort sur l'avenir dans le détroit de Formose.
