Premier/e Première récolte de maïs OGM en Aquitaine Visite d'une parcelle de maïs transgénique en Aquitaine et rencontre avec deux agriculteurs ayant choisi ce type de culture. A cette occasion, l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM) a présenté toute une série de bonnes pratiques «VOUS ÊTES quelque part en Aquitaine. Il ne faut pas qu'on puisse localiser la parcelle de maïs génétiquement modifié. Les agriculteurs que vous allez rencontrer pourraient subir des représailles», recommande notre guide avant d'arriver dans la cour d'une vaste ferme inondée de soleil. Le car s'arrête, suivi par une vingtaine de voitures de journalistes. Jamais un voyage de presse de l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM) n'a suscité autant de curiosité. Figaro ), a fait basculer la problématique des OGM dans la réalité. Il ne s'agit plus de se demander si ces cultures sont dangereuses pour la santé, l'environnement ou les petits agriculteurs des pays pauvres, mais de savoir comment elles se pratiquent et quelles précautions doivent être prises. La question se pose avec d'autant plus d'acuité qu'à la différence de l'Espagne ou de l'Allemagne le gouvernement français n'a toujours pas transposé la directive européenne de 2001 réglementant les cultures OGM.révélant qu'un millier d'hectares de maïs génétiquement modifié ont été cultivés cette année en France, en toute légalité mais sans qu'on sache où ni sur quelle superficie (L'information du Cette absence de réglementation présente potentiellement un risque en termes de traçabilité des autres filières (conventionnelles et bio). C'est pourquoi l'AGPM, qui défend les intérêts des producteurs de maïs et milite aussi pour la filière OGM, a choisi de communiquer. En présentant vendredi son programme d'accompagnement des cultures issues des biotechnologies (PACB), qu'elle a mis en place sur 80 hectares, elle n'avait donc pas oublié d'inviter Philippe Clavé, président de l'association Charte qualité maïs grand Sud-Ouest. Au menu : visite d'une parcelle et entrée en action d'une moissonneuse-batteuse. 17 variétés de maïs OGM L'AGPM a recruté en tout quinze agriculteurs désireux de planter du maïs Bt pour la saison 2005. Il s'agit en fait de la seule plante OGM cultivée à grande échelle en Europe à des fins commerciales. Dix-sept variétés de ce maïs Bt sont autorisées aujourd'hui en Europe. A l'intérieur de leur génome a été introduit un gène produisant une substance insecticide capable de lutter contre la pyrale et la sésamie, des chenilles qui comptent parmi les principaux ravageurs du maïs. La substance produite par le gène est proche de celle fabriquée par une bactérie du sol, Bacillus thuringiensi, communément utilisée en aspersion par l'agriculture biologique. Toute la production de maïs Bt est vendue sur le marché espagnol pour l'alimentation du bétail. Les trois agriculteurs attendent les visiteurs. Le maître des lieux, un peu impressionné par les caméras et les appareils photo : «Je m'appelle Claude. Je ne vous donne pas mon nom. Cette année, je cultive 7 hectares de maïs transgénique sur 120 hectares en tout.» L'AGPM a fourni gratuitement la semence et assuré le suivi technique. Le montant de l'aide européenne pour le maïs est de 495 euros à l'hectare, conventionnel ou OGM. Bernard habite la ferme d'à côté. Il ne fait pas d'OGM mais il est venu là pour dire que les nouvelles cultures de Claude ne lui font pas peur. Si l'expérience de Claude est concluante, il tâtera des OGM l'année prochaine. Une étude récente commandée par la Commission européenne a d'ailleurs montré que l'innovation dans le milieu agricole passe surtout par l'imitation de quelques leaders. Pierre, moustache à la José Bové, est pragmatique. «Je ne suis pas fana des OGM, s'empresse-t-il de dire. Je suis plutôt admirateur des agriculteurs bio.» Cédric Poeydomenge, l'ingénieur de l'AGPM, est pédagogue. Une carte de la parcelle est plantée au pied des maïs. Les rangs de maïs Bt sont entourés par plusieurs bandes de maïs non génétiquement modifiés afin d'éviter la dissémination des pollens et la sélection des souches de pyrale et de sésamie résistantes au Bt. Claude et Pierre décortiquent des tiges de maïs non transgénique : elles sont toutes grignotées par une ou deux grosses chenilles blanches. «Regardez, les grains ont été attaqués sur celle-là», montre Pierre. Les plants génétiquement modifiés, eux, sont intacts. «Ils sont tellement solides que vous n'allez pas réussir à les couper», plaisante un journaliste alors que la moisonneuse-batteuse se met en marche. Claude, lui, fera son bilan économique d'ici à quelques mois.