Début Première cour martiale pour des sévices Un GI comparaîtra en mai devant une cour martiale pour avoir infligé des sévices aux prisonniers irakiens. Tony Blair a présenté ses excuses aux victimes, tandis que George W. Bush affirme que Donald Rumsfeld, contesté, fait "un travail remarquable". "Nous présentons nos excuses à tous ceux qui ont été maltraités par nos soldats. C'est absolument inacceptable", a déclaré dimanche Tony Blair, à Paris, où il était venu pour la célébration de la Journée de l'Europe. Quelques instants plus tôt, les Etats-Unis annonçaient la première comparution en cour martiale d'un soldat américain ayant infligé des sévices à un prisonnier irakien. Le GI Jeremy Sivits comparaîtra pour "mauvaise conduite" en mai à Bagdad, lors d'une audience qui sera ouverte à la presse. Quoi qu'il en soit, le président américain George W. Bush a réaffirmé lundi sa confiance dans son Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, pour qui les appels à la démission se multiplient. "Vous conduisez courageusement notre pays dans la guerre contre le  terrorisme. Vous faites un travail remarquable. Vous êtes un secrétaire à la Défense solide et notre pays vous doit gratitude", a déclaré M. Bush lors de déclarations à l'issue d'une réunion au Pentagone. La polémique sur les sévices aux prisonniers ne faiblit pas, et dépasse l'Irak. Des poursuites sont sur le point d'être engagées contre deux militaires britanniques dans le cadre des enquêtes ouvertes par la police militaire sur des cas de civils irakiens tués ou victimes de mauvais traitements, a révélé lundi le ministre de la Défense Geoff Hoon. Cela dit, il y a "de fortes indications" que le véhicule figurant sur l'une des photos publiées le 1er mai par le Daily Mirror et montrant un militaire britannique brutalisant un détenu irakien n'a pas été utilisé en Irak, a affirmé Geoff Hoon, en s'appuyant sur l'analyse des renseignements militaires. Cette déclaration accrédite l'opinion des experts et d'une partie de la presse, pour qui ces photos étaient des faux. Nouveaux témoignages Dimanche, alors que les tabloïds britanniques publiaient de nouvelles photos, le Washington Post révélait sur son site que le gouvernement américain avait donné son accord en avril 2003 pour des techniques d'interrogatoire à Guantanamo permettant d'inverser les rythmes de sommeil des détenus et de les exposer à la chaleur, au froid, à une musique violente et à des lumières aveuglantes. Citant des responsables anonymes de la défense, le journal indique qu'une liste secrète comportant 20 techniques d'interrogatoires avait été autorisée aux plus hauts niveaux du Pentagone et du Département de la Justice. Des témoignages de plus en plus nombreux suggèrent au contraire que ces pratiques étaient très répandues. Un rapport du CICR a déjà évoqué des mauvais traitements systématiques "assimilables à de la torture", un rapport que Tony Blair assure n'avoir "pas vu". Samedi, on pouvait lire dans le Washington Post le témoignage, recueilli par e-mail, de l'une des sept militaires américains accusés de sévices : Sabrina Harman a affirmé avoir agi sous les ordres directs du renseignement militaire qui voulait que les prisonniers soient affaiblis avant les interrogatoires. Un témoignage qu'est venu renforcer, le même jour, en Grande-Bretagne, celui d'un ancien officier britannique cité sous couvert de l'anonymat par le Guardian. Selon lui, les techniques d'interrogatoire utilisées par les forces spéciales (SAS) sont largement répandues et correspondent aux traitements dégradants auxquels les détenus irakiens seraient systématiquement soumis. Selon le Guardian, la plupart des forces spéciales britanniques et américaines reçoivent une formation "R2I", dites de "résistance aux interrogatoires" pour se préparer à résister "aux techniques de dégradation" auxquelles elles sont susceptibles d'être soumises par l'ennemi en cas de capture".