Procès Première audience dans le procès d'un Néerlandais accusé de génocide en Irak Le premier Néerlandais jamais accusé de complicité de génocide, pour avoir vendu au régime de Saddam Hussein des ingrédients pour armes chimiques, devait comparaître vendredi matin devant le tribunal de Rotterdam (sud-ouest des Pays-Bas).Frans van Anraat, qui selon des informations de presse aurait été un informateur des services de renseignement néerlandais (AIVD), devait comparaître lors d'une audience technique destinée à faire le point de la procédure. Son procès ne devrait véritablement commencer qu'en novembre.M. van Anraat, un négociant en produits chimiques de 62 ans, a été arrêté le 7 décembre 2004 aux Pays-Bas alors qu'il s'apprêtait à fuir.Il risque la prison à vie s'il est reconnu coupable de complicité de génocide et de crimes de guerre notamment en relation avec les massacres de Kurdes dans le nord de l'Irak en 1988, en particulier dans la ville d'Halabja.Une vingtaine de Kurdes assistaient à l'audience de vendredi. "Nous sommes ici pour voir le type qui a fait du mal à notre peuple", a déclaré à l'AFP Sherzad Rozbayani, un Kurde d'Irak résident aux Pays-Bas, membre de l'Union des étudiants kurdes. "Il a aidé Saddam Hussein à obtenir des armes pour tuer les Kurdes", a-t-il ajouté."Il ne s'agit pas du procès d'une seule personne mais aussi de la responsabilité de l'Etat néerlandais parce que Van Anraat a travaillé avec l'AIVD", expliquait pour sa part un Kurde de Turquie ne voulant révéler que son prénom, Coskun.Quatre Kurdes résidant aux Pays-Bas se présentant comme des victimes des armes chimiques de Saddam se sont joints aux plaintes du parquet, réclamant chacun 10.000 euros de dommages et intérêts, a indiqué à l'AFP leur avocate, Liesbeth Zegveld.Ces plaintes ne devaient toutefois pas être examinées vendredi, selon elle.Selon les autorités néerlandaises, M. Van Anraat a fourni "des milliers de tonnes de produits de base pour des armes chimiques entre 1984 et 1988." Ces matières premières provenaient des Etats-Unis et du Japon.Les douanes américaines ont ouvert il y plusieurs années une enquête sur activités de M. van Anraat, selon le bureau du procureur. Les Etats-Unis ont conclu qu'il était impliqué dans la fourniture de quatre livraisons de thiodiglycol, un produit de base du gaz moutarde, des Etats-Unis vers l'Europe.Il avait été arrêté en 1989 en Italie, à la demande des Etats-Unis, mais avait pris la fuite vers l'Irak où il est resté jusqu'à l'attaque de la coalition conduite par les Etats-Unis en 2003, date à laquelle il s'est réfugié aux Pays-Bas, selon les autorités néerlandaises.Pour des raison inexpliquées, les Etats-Unis ont retiré en 2000 leur demande d'extradition du négociant. De ce fait, les autorités néerlandaises, qui étaient au courant de sa présence dans le royaume depuis 2003, n'avaient pas de base juridique pour son arrestation. Il a fallu l'inculpation pour génocide et crimes de guerre pour qu'elles puissent agir.Selon plusieurs médias néerlandais, Frans van Anraat a séjourné un temps, après sa fuite d'Irak, dans un logement utilisé par le gouvernement néerlandais pour protéger certaines personnes.Le ministre de l'Intérieur Johan Remkes avait refusé de commenter cette information, arguant que toute indication concernant ces "safe house" étaient confidentielles.Le 27 décembre dernier, la cour d'appel de La Haye avait ordonné la remise en liberté de M. van Anraat, sans motiver cette décision, renforçant les spéculations sur les liens entre l'accusé et l'AIVD.Le procureur avait fait appel, et cette décision de remise en liberté a été cassée le 2 février.