Découverte Premier séquençage d'un génome d'oiseau Le patrimoine héréditaire de la poule a été décrypté.Une équipe composée de 170 généticiens appartenant à 50 institutions scientifiques de 12 pays annonce, dans l'hebdomadaire Nature (daté du 9 décembre), le premier séquençage du génome d'un oiseau. Il s'agit de celui de Gallus gallus, oiseau plus connu sous le nom de poule. Fort d'un million d'éléments unitaires - soit environ le tiers du génome humain -, le patrimoine héréditaire de la poule comprend entre 20 000 et 23 000 gènes.Les auteurs de la publication estiment désormais que 75 % des gènes connus pour diriger la synthèse des protéines sont les mêmes que ceux qui sont présents dans le génome humain et 88 % sont semblables à ceux des rongeurs.Ils précisent toutefois que seulement 2,5 % de la structure moléculaire du génome de Gallus gallus est strictement identique à celle du génome humain ; une proportion qui, selon eux, correspond à des régions conservées au fil de l'évolution depuis environ 310 millions d'années.L'aboutissement de ce travail de séquençage - ainsi que les comparaisons plus fines qu'il offrira avec les résultats obtenus chez les invertébrés, les amphibiens et les mammifères - devrait permettre d'améliorer la compréhension des mécanismes de l'évolution. Mieux encore, le séquençage du premier génome d'un oiseau ne manquera pas d'aider à la lecture des résultats obtenus au terme du séquençage du génome humain."C'est précisément parce que le séquençage du patrimoine héréditaire d'un oiseau pouvait aider à la compréhension de celui de notre espèce que cette entreprise internationale a été lancée", souligne Alain Vignal, chargé de recherches au laboratoire de génétique cellulaire du centre de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Toulouse, seule équipe française à être associée à la publication de Nature.NOUVEAUX OUTILSLe travail sur le premier génome d'un oiseau vient aussi compléter un paysage de plus en plus riche qui englobe dorénavant, pour ne parler que du monde animal, les séquençages des génomes d'organismes allant du ver le plus simple (Caenorhabditis elegans) jusqu'à Homo sapiens.Ces résultats offrent un autre intérêt dans le champ de la recherche fondamentale dans la mesure où Gallus gallusest un animal qui est depuis longtemps utilisé par les spécialistes travaillant sur les différents aspects du développement embryonnaire."Les poules ont été un organisme modèle inestimable pendant des décennies,soulignent Jeremy Schmutz et Jane Grimwood (Centre pour le génome humain de Stanford, Californie.) Leur utilité pour la recherche, de la génomique à l'élevage, va encore s'accroître." "Posséder le séquençage du génome de la poule, c'est comme avoir un guide des antiquités dans un marché aux puces : soudain, vous avez un outil qui vous permet de reconnaître quelles pièces ont de la valeur", résume pour sa part Ewan Birney, membre du European Bioinformatics Institute de Cambridge (Grande-Bretagne), membre du consortium international ayant réalisé le séquençage du premier génome aviaire."Contrairement à ce qui a pu être dernièrement écrit, ce travail de séquençage du génome deGallus gallus ne permettra pas aux généticiens de manipuler les génomes des oiseaux d'élevage dans le but de sélectionner des poulets susceptibles de pouvoir être engraissés plus rapidement ou d'être moins sensibles aux multiples stress inhérents à l'élevage en batterie", précise Alain Vignal.Pour ce chercheur de l'INRA, ce séquençage doit permettre, pour l'essentiel, de fournir de nouveaux outils dans les procédures de sélection des différentes lignées aviaires dans le domaine de la résistance aux pathologies infectieuses potentiellement transmissibles à l'homme par voie alimentaire.L'un des prochains résultats, très attendu, de séquençage d'un patrimoine génétique chez les mammifères concerne l'espèce bovine.
