Nomination premier-ministre : Stanislav Gross -La République tchèque se donne à un jeune Premier ministre A 34 ans, le social-démocrate Stanislav Gross est à la tête d'une coalition hétéroclite et fragile. Le social-démocrate Stanislav Gross a été désigné hier par le président Vaclav Klaus pour prendre la tête du nouveau gouvernement. Il succède ainsi à Vladimir Spidla, qui avait démissionné fin juin, peu après la débâcle du parti social-démocrate (CSSD) aux élections européennes, en raison du manque de soutien des cadres de son parti. «Requin au visage d'ange» pour certains, «surdoué de la politique» pour d'autres, l'irrésistible ascension de Stanislav Gross ne laisse personne indifférent à Prague. Malgré son implication dans diverses affaires financières mineures, ce jeune père de deux petites filles est l'homme politique le plus populaire du pays. Stanislav Gross, qui fêtera ses 35 ans en octobre, a déjà derrière lui près de quinze années d'expérience en politique. Au milieu des années 90, Milos Zeman, ancien Premier ministre et ancien chef du parti social-démocrate, le qualifiait déjà de «prince héritier de la couronne». Dès le début de sa carrière politique, ce jeune homme ambitieux a su choisir ses amis. Alors qu'il finit son service militaire après une formation de cheminot, Gross prend la tête des jeunes sociaux-démocrates, et décide de soutenir Zeman ­ qui sera témoin à son mariage ­ à la présidence du CSSD, un parti qui renaît alors de ses cendres, après la «révolution de velours», en 1989. Un pari gagnant puisque ce dernier le nommera au poste influent de président du groupe du parti à la Chambre des députés. A partir de là, le jeune conducteur de locomotive, tout en poursuivant des études de droit, n'aura de cesse de prouver qu'il est digne de la confiance placée en lui. Il développe un talent de négociateur et de communicateur que personne aujourd'hui ne lui conteste. En avril 2000, il devient ministre de l'Intérieur du cabinet Zeman et conservera son portefeuille au sein du gouvernement de Spidla, dont il sera le vice-Premier ministre, en même temps que vice-président du parti, pendant deux ans, avant de prendre sa place. Au sein d'un parti social-démocrate en difficulté, Gross a su tirer son épingle du jeu, s'assurant du soutien de la vieille garde et laissant Spidla prendre les coups. Le mois dernier, après la sévère défaite aux européennes du CSSD, pendant que le Premier ministre négociait la Constitution européenne à Bruxelles, Gross se rendait au château de Prague pour une discrète rencontre avec le chef de l'Etat. Moins d'une semaine après, Klaus chargeait Gross de former un nouveau gouvernement. Le ministre de l'Intérieur a dû déployer ses talents de négociateur en coulisse pour tenter de former un gouvernement viable. Il a été le premier depuis 1989 à entamer des négociations officielles avec le Parti communiste (KSCM). Il pourra finalement se passer de ce soutien embarrassant. Il dirigera une coalition formée autour du CSSD, avec le Parti chrétien-démocrate (KDU-CSL) et le Parti libéral (US-DEU). Une coalition tripartite des plus fragile qui ne compte qu'une voix de majorité, identique à celle dirigée par Spidla, que Gross a décidé de maintenir à l'écart de la politique intérieure en lui offrant le poste de commissaire européen.