Exposition Pour la FIAC, Paris aux couleurs de l'art contemporainIl n'y a plus de saucisses, revenez demain !" L'annonce, accrochée à la fausse baraque à frites perpétuellement fermée, installée par Alain Bublex aux Tuileries, pourrait s'appliquer à l'ensemble de la 33e Foire internationale d'art contemporain (FIAC), qui s'achève lundi 30 octobre. Elle a bien, très bien marché. Samedi 28 octobre, à deux jours de la fermeture, le galeriste Daniel Templon, qui fête ses quarante ans d'activité avec la sortie d'un énorme livre, le confirmait : "L'année dernière, j'avais fait ma meilleure FIAC depuis 1989. Je crois bien qu'on va encore dépasser ce résultat cette année." A 21 heures ce jour-là, on en était déjà à 60 000 visiteurs. Les organisateurs tablent sur une augmentation de 4 % par rapport à 2005 (83 000 entrées).Pourtant, on la disait boudée par les grands collectionneurs, américains notamment, qui l'avaient délaissée pour les foires de Londres ou Berlin : "J'ai vu cinq ou six grands collectionneurs américains, corrige Daniel Templon. Mais surtout, j'ai vu des Français, des nouveaux amateurs dont je n'avais jamais entendu parler. Il y a beaucoup, beaucoup de collectionneurs en France, j'en ai découvert tous les jours, durant cette FIAC."Sans être totalement dévalisés, comme la baraque à frites, les marchands ont donc bien vendu. Pas de chiffres : la FIAC se refuse à en publier, et ils seraient, de toute façon, invérifiables. Mais une floraison de points rouges, fixés à côté des oeuvres, en signale la cession. L'Etat, à travers le Fonds national d'art contemporain, a dépensé 400 000 euros, répartis en 30 artistes chez 29 galeries.La somme est cependant dérisoire au regard de ce que les grands collectionneurs privés peuvent dépenser. Comment expliquer autrement les 600 000 euros obtenus, à en croire Le Figaro, par Karsten Greve pour un tableau de Soulages, ou ces quelques achats emblématiques, comme ce cochon tatoué de Wim Delvoye, vendu par Emmanuel Perrotin à Claude Berri ? Ou le Jeff Koons historique de Jérôme de Noirmont, cédé à un prix non communiqué, mais qui ne peut être que respectable ? Ou encore cette réflexion amusée attribuée à François Pinault, revenu à la foire le samedi matin, après l'avoir déjà visitée mardi : "Chaque fois que je suis surpris à regarder une oeuvre, la cote de l'artiste grimpe..."La semaine était aussi à la distribution des prix. Celui de l'Adiaf, un club de collectionneurs, récompense cette année Philippe Mayaux. Doté de 35 000 euros, le prix Marcel-Duchamp s'accompagne surtout d'une exposition qui se tiendra au Centre Pompidou au printemps 2007. Celui de 15 000 euros décerné par la société Paul Ricard échoit à Vincent Lamouroux, dont une oeuvre ira rejoindre les collections du Musée national d'art moderne.SUCCÈS POUR LES FOIRES "OFF"L'aspect le plus spectaculaire reste le succès public : rendons hommage à ces amateurs d'art, capables d'endurer une heure trente de file d'attente (imposée par les normes de sécurité) pour pénétrer au Grand Palais. Saluons ces badauds assis autour d'un bassin des Tuileries d'où surgit le sous-marin de Ponomarev, qui attendaient que la voix enregistrée de l'artiste se mette à chanter, en français et avec un accent russe à couper à la faucille, Jeanneton. Notons le succès également rencontré par les foires off : "On a eu la queue !" déclarait, toute émue, la jeune galeriste Magda Danysz, de Show Off, à l'espace Cardin. Dimanche 29 octobre, à midi, ils en étaient à 11 000 visiteurs. Etrangers, pour beaucoup. Lesquels se sont aussi déplacés pour découvrir la foire d'art vidéo Diva, dans le quartier plus excentré de Belleville, qui n'avait pas vu autant de Belges, d'Italiens ni même d'Américains depuis longtemps.Un engouement qui engendre d'autres initiatives, comme celle de Guillaume Houzé, qui organise aux Galeries Lafayette, propriété de sa famille, "Antidote", une exposition destinée à promouvoir de jeunes artistes (jusqu'au 9 décembre). Ou l'inauguration, à la Fondation Maison rouge, de l'exposition réellement bouleversante de la collection du belge Sylvio Perlstein (jusqu'au 9 janvier) : toute la semaine, la FIAC a donné à Paris les couleurs de l'art contemporain.
