Annonce Pour faire taire les critiques, George Bush se rend sur les lieux du désastre du cycloneSous le feu des critiques pour la lenteur de sa réaction après le passage de l'ouragan Katrina, le président américain, George W. Bush, est attendu, lundi 5 septembre, pour la deuxième fois en moins d'une semaine dans les zones dévastées, à Baton Rouge, en Louisiane, et à Poplarville, dans le Mississippi.Six jours après le passage de Katrina sur le golfe du Mexique et l'inondation de La Nouvelle-Orléans, personne ne connaît encore le nombre de victimes, mais des responsables gouvernementaux ont estimé qu'il pourrait se chiffrer en milliers. L'Etat de la Louisiane a avancé dimanche un premier bilan, très provisoire, de 59 morts, portant le total à des victimes à 218, en y ajoutant les152 morts au Mississippi et les 7 de Floride. "Quand on évacuera l'eau de La Nouvelle-Orléans, on va découvrir des gens qui sont morts en se terrant dans les maisons, qui ont été emportés par les inondations, des gens dont on retrouvera les restes dans la rue", a déclaré le secrétaire à la sécurité intérieure, Michael Chertoff. "Cela va être l'une des pires scènes qu'on puisse imaginer".L'administration Bush a essayé de sauver la face dimanche en dépêchant des responsables dans les zones de la catastrophe. Ils se sont engagés à faire tout leur possible pour nettoyer La Nouvelle-Orléans et venir en aide aux réfugiés.Alors que les autorités reprennent lentement le contrôle de la ville, des policiers ont tué quatre pilliards qui avaient ouvert le feu sur eux. Un cinquième se trouvait dans un état critique. Signe d'un retour à la normale - même si on en est encore loin - la compagnie Entergy a commencé à restaurer l'électricité dans certains quartiers de la ville.Afin de contrer les critiques de plus en plus virulentes contre la gestion du gouvernement des conséquences du cyclone, la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, et le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, étaient attendus sur le terrain, sur les côtes du Golfe du Mexique, pour répondre aux nombreuses questions suscitées par les scènes de chaos ayant suivi le passage de l'ouragan."PLUS DE 10 000 MORTS"Sous le feu des critiques pour leur manque d'anticipation et la lenteur des secours, les responsables américains tentent de convaincre le public qu'ils ne pouvaient prédire un tel désastre.Katrina a frappé durement lundi la Louisiane, puis le Mississippi et dans une moindre mesure l'Alabama, trois Etats du sud. Les pluies diluviennes qui ont suivi, ont entraîné une montée des eaux et la rupture mardi d'une digue qui a inondé 80 % de La Nouvelle-Orléans. Selon un sénateur républicain, David Vitter, le cyclone et les inondations ont peut-être fait en Louisiane "plus de 10 000 morts".Mais les responsables locaux ne pardonnent pas à M. Bush d'avoir attendu mercredi pour écourter ses vacances, deux jours après le passage de Katrina, et d'avoir tardé à dépêcher l'armée et des secours.Un sondage du Washington Post et de la chaîne ABC publié dimanche montre une nation divisée quant à la gestion de cette crise, avec 47 % d'insatisfaits et 46 % d'opinions favorables. Plus d'une personne interrogée sur deux (51 %) a estimé que la réaction des autorités fédérales a été insuffisante ou mauvaise, tandis que 48 % l'ont jugée excellente ou bonne. Les deux-tiers ont estimé que Washington aurait pu être mieux préparé.Katrina tombe mal pour le président Bush, dont la popularité était déjà au plus bas dans les sondages et qui doit répondre à une opposition croissante à sa politique en Irak. Le président a admis, fait rare, que la réponse initiale n'était "pas acceptable".UNE COMMISSION D'ENQUÊTE SUR L'ACTION DE L'ADMINISTRATIONMercredi, une première audition est prévue au Sénat dans le cadre d'une commission d'enquête sur l'action de l'administration avant et après Katrina.Des questions brûlantes se posent : pourquoi les autorités fédérales semblent avoir été si peu préparées face un ouragan dont la puissance était connue 48 heures à l'avance ? Pourquoi l'administration a-t-elle échoué lors de ce premier grand test sécuritaire depuis les attentats du 11 septembre 2001 ? M. Bush a tenté d'intensifier la réponse de l'administration ces derniers jours. Vendredi, le Sénat a approuvé une enveloppe de 10,5 milliards de dollars d'aide, et le lendemain le président a annoncé l'envoi de 7 000 soldats dans les zones affectées, ce qui portera le nombre de militaires déployés dans la région à 50 000.Alors que la plupart des sinistrés sont pauvres et noirs, M. Bush a appelé à la rescousse la seule noire de son gouvernement, Condoleezza Rice, pour faire taire les critiques l'accusant de discrimination. La secrétaire d'Etat a récusé toute accusation de racisme dans l'action du gouvernement, et devait se rendre dimanche dans son Etat d'origine, l'Alabama, pour constater les dégâts.Donald Rumsfeld de son côté devait faire une tournée d'évaluation en Louisiane et au Mississippi avec le général Richard Myers, chef d'état-major interarmées.
