Lancement Pour contrer la TNT , James Murdoch lance la télé satellitaire gratuite C'est la riposte du satellite à la télévision numérique de terre (TNT). Freeview, le bouquet aux 30 chaînes gratuites lancé voici deux ans en Grande-Bretagne, fait des adeptes dans les chaumières. Il n'en fallait pas plus pour que BSkyB, le champion britannique de la télévision payante, décide d'investir le créneau. Et qu'importe si BSkyB est l'un des actionnaires de Freeview. James Murdoch, qui a pris les commandes du groupe l'année dernière, n'hésite pas à concurrencer une société dont il est actionnaire, Freeview, pour conserver son monopole. Sa décision bouleverse le marché de la télévision au Royaume-Uni et révèle, si besoin était, toute sa détermination. Dans le courant de l'année, la filiale de News Corp. lancera un service de télévision par satellite sans abonnement. Elle est, pour l'instant, répertoriée sous le nom générique de FAT (free to air). Comme dans le cas de Freeview, les clients du FAT de BSkyB devront dans un premier temps se procurer le matériel de réception adéquat. Prix de l'investissement initial : 60 livres pour Freeview, 150 livres pour BSkyB. Jusque-là, la balance penche en faveur de Freeview. Reste que, une fois équipés d'une parabole, du décodeur et de la carte, ce n'est pas 30, mais 118 chaînes télévision gratuites qui s'offriront aux clients de BSkyB. Ils auront notamment accès aux chaînes du groupe public BBC, à ITV, Channel 4 et Five ainsi qu'aux chaînes d'information en continu SkyNews et CNN. De quoi faire des jaloux du côté de Freeview. En termes de radio, également, la comparaison est rude. Les clients de BSkyB réceptionneront 81 stations sur leur téléviseur, contre 20 via Freeview. Le choix de lancer un FAT constitue une minirévolution pour BSkyB. Depuis son lancement en 1989, le groupe avait en effet toujours proposé des services par abonnement et cultivé l'exclusivité avec des programmes «premium» tels que les rencontres de football de la 1re division anglaise. Mais l'arrivée de la TNT a bouleversé la donne. Environ 40% des Britanniques, en effet, soit 10 millions de foyers, ne sont pas abonnés à un service de télévision payante, et se contentent encore de recevoir cinq chaînes hertziennes sur leur poste. Il faut dire qu'à 40 livres en moyenne par mois, tout le monde ne peut se payer un tel luxe. C'est parmi eux donc, parmi les laissés-pour-compte de la télé payante, que BSkyB compte recruter. Sur ce terrain, Freeview est déjà bien parti. A ce jour, le bouquet de TNT a séduit 4 millions de foyers et assure être regardé par 12% des Britanniques. Or Freeview n'est encore disponible qu'auprès de 73% des Britanniques. Une opportunité que compte bien exploiter BSkyB. «Il n'y aura pas d'obligation de souscrire à un service de télévision payante», précise BSkyB. Reste que l'opérateur, pas fou, compte bien faire du FAT un tremplin pour ses services payants. «Les téléspectateurs pourront s'abonner à nos services payants s'ils le désirent, sans avoir besoin d'équipement supplémentaire», poursuit le communiqué. Les fichiers des clients abonnés au FAT constitueront, sans nul doute, une base de donnés idéale à faire fructifier pour recruter de nouveaux abonnés aux services payants. L'opérateur compte, en outre, utiliser le gain d'audience réalisé par le FAT pour rehausser les tarifs publicitaires de ses chaînes. Reste le risque, pour BSkyB, de voir certains de ses clients du payant lâcher leur abonnement pour le FAT. Une éventualité écartée par le groupe. Selon Richard Freudenstein, DG de BSkyB cité par le Wall Street Journal, «l'offre payante restera bien supérieure à tous les niveaux à l'offre gratuite, et nous continuerons à l'améliorer».