Scandale Polémique après les propos de M. de Villiers sur la présence d'islamistes dans les aéroportsune vive polémique a éclaté, lundi 24 avril, en France, sur des accusations de Philippe de Villiers affirmant que les islamistes ont infiltré les grands aéroports du pays.Le président du Mouvement pour la France (MPF) reprend, dans un livre qui vient de paraître et intitulé Les Mosquées de Roissy (du nom du principal aéroport parisien), des éléments figurant selon lui dans des notes ou des rapports officiels émanant notamment de services de renseignement et de la police de l'air et des frontières. Les bureaux du premier ministre, Dominique de Villepin, écrit-il, ont reçu début janvier "un nouveau rapport" selon lequel "des organisations islamistes interviennent" à Roissy. Ce rapport, poursuit-il, souligne "la forte exposition de la zone bagages au risque terroriste lié aux activités de cette mouvance, libre de s'activer autour des avions".M. de Villiers, qui défend des thèses souverainistes, est accusé par ses détracteurs de développer des idées islamophobes pour concurrencer le dirigeant du Front national, Jean-Marie Le Pen. A un an de l'élection présidentielle, il apparaît aussi en compétition sur le thème de l'immigration avec le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Invité dimanche soir d'une émission de radio, il a dénoncé "l'islamisation" de la France et jugé que "l'islam n'est pas compatible avec la République". "La présence islamiste n'est pas marginale mais réelle, profonde et dangereuse", a-t-il insisté, en ajoutant que son livre "gênait" le gouvernement français.TOLLÉ À GAUCHESes propos ont suscité un tollé à gauche et chez les représentants des musulmans en France, mais aussi des doutes au sein des services qui sont censés être à l'origine des notes citées. Le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, a estimé que Philippe de Villiers n'était "désormais pas très compatible avec l'esprit de la République" puisqu'il a mis "en cause nominativement une religion", l'islam.Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, principale institution représentative des musulmans en France, a fustigé "la caricature outrée et outrancière" de l'islam faite par M. de Villiers. "Est-ce une révélation, une provocation, un mensonge ? Nous voulons la vérité", a affirmé M. Boubakeur, également recteur de la Grande Mosquée de Paris.La direction des services de renseignements généraux, cités par M. de Villiers dans son livre, a dénoncé des "incohérences" et le caractère "outrancier" de certaines affirmations. Parlant sous le couvert de l'anonymat, un responsable de la sécurité des aéroports a cependant reconnu la véracité de certaines notes citées par M. de Villiers. "Les premières de ces notes datent de 2002 et beaucoup a été fait depuis, mais des mesures restent à prendre", a-t-il dit.Selon un autre responsable chargé de la sécurité, la procédure d'obtention des badges donnant l'accès aux zones sensibles des aéroports "s'est nettement durcie" depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Mais, a-t-il souligné, "il reste très difficile de repérer des réseaux dormants avec des personnes qui mènent une vie ordinaire".Pour Pierre Contesenne, délégué syndical central SUD Aérien, les accusations de M. de Villiers ne sont "pas sérieuses". M. Contesenne ne nie pas pour autant qu'il y ait encore à Roissy des "pratiques claniques" et des "réseaux néo-mafieux". Ainsi, treize bagagistes de la société CBS (groupe Vinci) avaient été mis en examen après le démantèlement, à la mi-septembre, par la gendarmerie des transports aériens, d'un réseau de vol en bande organisée dans des bagages en transit.Un syndicaliste de la CGT, qui a souhaité conserver l'anonymat, craint qu'on ne "se serve de cette polémique pour durcir encore les conditions d'obtention des badges" pour les employés de l'aéroport. Une autre source syndicale s'inquiète davantage de la préservation du caractère laïque du monde du travail, reconnaissant qu'il y a effectivement "entre cinq et dix salles de prière clandestines en zone réservée" à Roissy. Elle juge toutefois que M. de Villiers va trop loin en présentant "chaque musulman français comme un terroriste en puissance".L'union locale CGT de Roissy a accusé lundi Philippe de Villiers de "détourner les problèmes de sûreté à des fins politiciennes et personnelles".
