Catastrophe Polémique après la collision de trains près de Bologne La polémique porte surtout sur la vétusté de certaines lignes du réseau ferré. Le tronçon Bologne-Vérone, long de 114 km, théâtre de l'accident, attend depuis des années que sa modernisation soit achevée. Le bilan de la collision ferroviaire survenue vendredi près de Bologne (centre de l'Italie) a atteint 17 morts samedi 8 janvier tandis que s'est développée une polémique sur les responsabilités dans cet accident et la sécurité des chemins de fer italiens. La polémique porte surtout sur la vétusté de certaines lignes du réseau ferré : 60,5 % des voies en Italie ne sont pas doublées, soit 9 667 km sur les 15 965 km en service, indique le Corriere della Sera, la région montagneuse du Val d'Aoste (nord-ouest) étant la moins bien dotée. Le tronçon Bologne-Vérone, long de 114 km, théâtre de l'accident, attend depuis des années que sa modernisation soit achevée. 42 km sont à double voie tandis que les 72 km restants doivent le devenir à l'horizon 2008. Mais c'est le ministre des transports lui-même, Pietro Lunardi, qui a jeté de l'huile sur le feu. Venu sur les lieux de la collision, il a déclaré que "les gouvernements de gauche avaient ralenti l'amélioration du réseau ferroviaire" alors que, depuis 2001, le gouvernement de Silvio Berlusconi "a fait de la sécurité routière et ferroviaire une de ses priorités". La gauche s'est insurgée. Son leader Romano Prodi, venu sur place voir les rescapés, a refusé d'entrer dans la polémique, estimant que ce n'était pas le moment. Mais le chef du groupe parlementaire des Démocrates de gauche (DS), Luciano Violante, a demandé au ministre de venir s'expliquer mardi devant les députés. ERREUR HUMAINE ? Samedi après-midi, les pompiers qui fouillent les décombres des trains accidentés ont extrait trois corps supplémentaires des décombres, dont ceux des deux machinistes du train de marchandises impliqué dans la collision, a indiqué la préfecture. Plus tôt samedi matin, un autre corps sans vie avait été retiré des tôles du convoi, avait indiqué Demetrio Egidi, chef de la protection civile régionale, craignant déjà que le bilan ne s'alourdisse. Cette collision entre un train interrégional et un convoi de marchandises, sur une portion de réseau à voie unique, se solde donc, pour l'instant, par 17 morts et une soixantaine de blessés. Toute la journée, les pompiers ont "démantelé pièce par pièce le wagon de voyageurs", a déclaré Giorgio Di Marco, coordinateur des pompiers de Bologne. "Les poutrelles que transportait le train de marchandises lui ont permis de rester sur les rails alors que le convoi de voyageurs a été déchiqueté dans le choc", a-t-il expliqué. Le lieu de l'accident était enveloppé samedi d'un épais brouillard, réduisant la visibilité, comme la veille au moment du drame. Une grue extrayait les débris de tôle du wagon de voyageurs tandis qu'une autre le maintenait à la verticale pour éviter qu'il ne s'effondre sur d'éventuels corps se trouvant encore sous les décombres. L'accident s'est produit sur la commune de Crevalcore et le train interrégional aurait dû s'arrêter en gare de Bolognina di Crevalcore, où la voie est double, pour laisser passer le convoi de fret. L'hypothèse qui prévaut est que le train de voyageurs n'aurait pas respecté un feu rouge. Le procureur-adjoint de Bologne, chargé de l'enquête, a toutefois jugé "prématuré de parler d'erreur humaine", tant que la boîte noire du train de voyageurs, qui a été récupérée, n'aura pas été analysée. Le magistrat a ajouté que les procédures d'identification des victimes seraient rapides grâce aux méthodes à disposition de la police scientifique (photos, radios des dents et analyses ADN). La veuve du conducteur du train de voyageurs, Vincenzo Debiase, 45 ans, a appelé "à ne pas mettre toute la faute sur le dos de son mari". "C'était un machiniste expérimenté qui connaissait cette ligne par coeur", a-t-elle déclaré.