Annonce Plus de 5 000 victimes d'intoxication chimique en Côte d'Ivoire Plus de 5 000 personnes ont été intoxiquées et trois ont été tuées par les émanations de produits chimiques déchargés d'un navire étranger et déversés fin août dans des décharges publiques d'Abidjan, selon les nouveaux chiffres communiqués, samedi 9 septembre, par le ministère ivoirien de la santé.Le dernier bilan officiel, donné mercredi, faisait état de 1 500 personnes intoxiquées, dont les trois morts. "Jusqu'à hier (vendredi), nous avons recensé plus de 5 000 personnes dans les centres de santé" pour des problèmes liés à cette pollution, a affirmé à le responsable de la communication du ministère de la santé, Siméon N'Da."Le nombre de morts n'a pas changé, il reste à trois", a précisé M. N'Da ajoutant que le Centre hospitalier universitaire (CHU) du quartier chic de Cocody, où le produit a été en partie été déversé, a enregistré à lui seul "plus de 2 000 cas". Selon M. N'Da, "il y a eu moins de dix hospitalisations en tout" parmi les victimes qui sont venues en consultation dans "36 centres de santé périphériques" de la capitale économique ivoirienne, dont trois CHU et quatre hôpitaux militaires. Les victimes se plaignent en général de vomissements, éruptions cutanées, malaises, diarrhées et maux de têtes. BOUES ISSUES DU RAFFINAGE PÉTROLIER Les autorités ivoiriennes ont annoncé vendredi la mise en place d'un "plan d'urgence" pour neutraliser la solution toxique, déversée dans une dizaine de décharges de la ville dans la nuit du 19 au 20 août par une société ivoirienne qui les avait déchargés du Probo Koala, un navire battant pavillon panaméen. Selon l'association écologique Greenpeace, il s'agit de 400 tonnes de boues issues du raffinage pétrolier, riches en matière organique et en éléments souffrés très toxiques (hydrogène sulfuré, H2S et mercaptans). Une équipe de six experts français spécialistes du traitement des déchets toxiques, arrivée vendredi à Abidjan pour aider les autorités ivoiriennes à faire face à la pollution, a entamé sa mission samedi en se rendant à la décharge d'Akouédo, l'un des sites pollués. A l'entrée du site, les autorités ont immobilisé un camion intercepté par la police avant qu'il n'ait réussi à déverser sa cargaison de déchets. De la citerne du camion s'échappait une solution noirâtre, bien plus concentrée que celle retrouvée dans les décharges – où elle a eu le temps de se diluer et de s'évaporer en partie depuis son déversement à la fin août –, et qui dégageait une odeur insupportable à plusieurs mètres. A quelques mètres de la mare contaminée, désormais entourée d'un périmètre de sécurité, des riverains continuaient samedi à cultiver leurs tomates, en expliquant s'être habitués à l'odeur. La veille, le premier ministre ivoirien Charles Konan Banny et la ministre française déléguée à la Coopération, Brigitte Girardin, étaient venus arpenter la décharge, protégés par des masques à gaz. A la suite de ce scandale, M. Banny a annoncé mercredi la démission de son gouvernement, coupable selon lui de "négligences" dans cette affaire" grave", tout en maintenant un comité interministériel chargé de répondre à la crise. Il a également promis que "tous les coupables" seraient sanctionnés.