Manifestation Plus de 200 000 manifestants à Madrid contre des négociations avec ETA Les estimations divergent, mais il apparaït que le défilé, organisé samedi 4 juin à Madrid, contre l'ouverture de toute négociation avec l'organisation séparatiste basque armée ETA, a mobilisé. Rassemblés à l'appel d'organisations de victimes du terrorisme et avec le soutien de l'opposition de droite, les manifestants étaient plus d'un million selon les organisateurs,850 000 selon la police municipale de Madrid, dont la mairie est tenue par le Parti Populaire de droite, et 200 000 selon la police nationale. A Bilbao, un défilé de Batasuna Durant la manifestation madrilène ont défilé à Bilbao plusieurs milliers de sympathisants de Batasuna, parti basque interdit car accusé d'être le bras politique d'ETA. Le chef de file de ce parti, Arnaldo Otegi, a déclaré à ses partisans qu'il ferait tout son possible pour commencer à mettre en oeuvre, avant Pâques, son plan en deux phases prévoyant l'ouverture d'un dialogue entre ETA et le gouvernement. "ETA a montré qu'il était disposé à ouvrir des discussions avec le gouvernement espagnol", a déclaré Otegi, cité par l'agence de presse Europa Press, ajoutant : "Malgré tous les obstacles, le processus va se mettre en branle." - (Avec Reuters) [-] fermer "PAS EN MON NOM" L'Association des victimes du terrorisme (AVT), proche du PP, principale organisatrice de la manifestation, avait affrété 300 bus dans toute l'Espagne pour cette manifestation à laquelle ont participé les principaux dirigeants du PP, dont l'ancien chef du gouvernement, José Maria Aznar. La manifestation s'est déroulée dans le calme, placée sous le slogan "Pour eux, pour tous. Négociations, pas en mon nom". Elle était destinée à protester contre une résolution adoptée le 17 mai par les députés espagnols, proposant, non pas des négociations, mais un "dialogue" avec ETA, à condition qu'elle dépose les armes. Les manifestants sont partis en fin d'après-midi de la place Lopez de Hoyos, où en 1993, l'ETA avait tué sept personnes dans un attentat, pour se rendre à la place de la République Dominicaine où, en 1986, l'organisation basque avait assassiné 12 gardes civils. Agitant le drapeau espagnol, et parfois l'Ikurrina (drapeau basque), aux cris de "Espagne", les manifestants ont défilé sous un chaud soleil, brandissant parfois des photos de certaines des quelque 800 victimes de l'ETA. Des participants portaient des pancartes "Pas en mon nom", ou "le PSOE avec nous", en référence au Parti socialiste ouvrier espagnol, au pouvoir et à l'origine de la résolution du 17 mai. LES ASSOCIATIONS DE VICTIMES DIVISÉES Le chef du PP, Mariano Rajoy, s'est félicité, dans des déclarations à la presse, que "des centaines de milliers de personnes soient venues manifester pour défendre des principes décents et refuser toute négociation avec une organisation terroriste". Aucun représentant du gouvernement socialiste espagnol ou des autres partis politiques n'a participé à cette manifestation qui, selon le PSOE, était "dirigée contre le gouvernement". Les associations de victimes ont été divisées sur le mot d'ordre de la manifestation de samedi, et certaines parmi les plus connues, dont l'Association du 11 mars, avaient annoncé qu'elles ne s'y rendraient pas. Le Haut commissaire aux victimes du terrorisme, Gregorio Peces-Barba, avait fait savoir qu'il ne participerait pas à une manifestation qui demande que le gouvernement "revienne sur une décision appuyée sur la majorité parlementaire". Tous les groupes parlementaires espagnols, à l'exception du principal parti d'opposition, le PP, ont voté la résolution du 17 mai, qui affirme que l'ETA "n'a pas d'autre perspective que se dissoudre et déposer les armes". Soulignant qu'un éventuel dialogue ne devra porter que sur la fin de la violence, la résolution, qui n'utilise pas le mot "négociation" mais seulement "dialogue", affirme que le terrorisme "est totalement incompatible avec la démocratie" et que "la violence ne peut être primée politiquement". Au cours des 36 dernières années, les attentats de l'ETA ont coûté la vie à plus de 800 personnes, le dernier attentat mortel remontant à mai 2003.