Mort de Pieter Botha L'ancien

Mort Pieter Botha L'ancien président d'Afrique du Sud, Pieter Willem Botha, est mort mardi 31 octobre dans sa résidence de Western Cape, près de la ville de Wildernes (sud-ouest du pays). Il avait exercé ses fonctions les plus importantes de 1978 à 1989, durant les années de répression les plus dures du régime d'apartheid, sur fond d'isolement international croissant. Il était âgé de 90 ans. Le parti nationaliste, l'anticommunisme et l'Afrikanerdom : ces trois causes dominèrent son existence. Trois notions qui, pour lui, se confondaient. Le parti, il l'avait "épousé" à 20 ans, en 1936, à la faveur d'une rencontre fortuite avec le docteur D.-F. Malan, grand prêtre de la "race blanche purifiée". Affecté à l'organisation des meetings itinérants, il fait des merveilles. Il est éduqué et nourri par le parti, le seul et unique employeur qu'il aura jamais. Quand la seconde guerre mondiale éclate en Europe, "P.W." - ses amis disent "Peewee" - est de ceux qui s'opposent, sans succès, à la nazification de l'Ossewabrandwag, un mouvement "culturel" boer fondé par la secrète et puissante société du Broederbon. En 1948, les nationalistes obtiennent la majorité à l'Assemblée nationale. Elu à Georges, bourgade de la province du Cap qui lui renouvellera sa confiance jusqu'au bout de sa carrière, Pieter Botha est parmi eux. Il devra attendre dix ans, et un nouveau patron, le docteur Hendrick Verwoerd, pour toucher un premier "demi-maroquin" ministériel. Verwoerd, qui sera l'architecte de l'apartheid légal et le théoricien de la suprématie blanche, lui offre, en 1958, le secrétariat d'Etat à l'intérieur. Entré à 42 ans au gouvernement, "Peewee", n'en sortira plus et participera en 1960 à la campagne victorieuse des nationalistes pour la transformation de l'Union en République d'Afrique du Sud. Ministre des affaires métisses en 1961, des travaux publics en 1964 et de la défense l'année suivante, il occupera ce dernier poste treize années durant. En 1968, il fonde la première industrie nationale d'armement, Armscor. Il poursuit deux objectifs : doter l'Afrique du Sud d'une armée moderne et puissante, et lui offrir l'autosuffisance en matériels. En septembre 1978, il succède, au poste de premier ministre, à John Vorster, acculé à la démission. En quelques années, Pieter Botha supprime le Sénat défaillant, diminue les pouvoirs de l'Assemblée nationale, réforme l'administration sclérosée, et introduit la présidentialisation effective du système. Plus pragmatique que doctrinaire, il lance en 1979 aux Blancs son célèbre slogan : "Adaptez-vous ! Ou vous mourrez !" Mais il demeure partisan convaincu du développement séparé, "seule solution au problème austral". Il veut seulement lui donner des habits neufs, tenter de le rendre plus acceptable, en extirper les discriminations inutiles et les relents de racisme. Dès l'amorce du processus réformiste, il se heurte de front à l'extrême droite de son propre parti. Tiré à gauche par les libéraux, qui exigent la concrétisation de la rhétorique réformiste, et, à droite, par les partisans du statu quo, il prend finalement la décision de se séparer des "rebelles". Le mouvement nationaliste subit, en février 1982, sa plus dangereuse scission en trente ans d'histoire : deux ministres et seize députés sont exclus du parti et fondent le groupe dit des "conservateurs". Le nationaliste bon teint apparaît désormais comme un homme du centre, un adepte du juste milieu. Très vite, il reprend le parti en main. "BANTOUSTANISATION" Bientôt, les 3 millions de métis et d'Indiens exclus du Parlement à partir de 1956 retrouveront un semblant de représentation, et on leur octroiera un zeste d'association au pouvoir central. Dans le même temps, la "bantoustanisation" des 25 millions de Noirs continue : 10 millions d'entre eux, rattachés de force à des homelands pseudo-indépendants mais réellement miséreux, perdent leur citoyenneté sud-africaine. Un geste est cependant fait en direction des Africains urbanisés des "zones blanches", à qui on entrouvre la porte de la représentation municipale. Reconnaissance officielle, en échange de contrôles accrus des syndicats africains, quelques changements mineurs à l'apartheid "mesquin" : ce sera le seul contenu du "grand dessein réformiste" de Pieter Botha. Devenu président d'Afrique du Sud en 1984 à la suite d'une modification de la Constitution sud-africaine, il est à son tour contraint, en 1989, d'abandonner le pouvoir. Jusqu'à la fin de sa vie, Pieter Botha a toujours refusé de présenter des excuses pour l'apartheid et affirmé qu'il n'était pas au courant des assassinats et tortures perpétrés lorsqu'il était au pouvoir.