Exposition Photographie : Le Musée des arts et métiers célèbre le centenaire de la mort d'Auguste Bartholdi Le 25 octobre 1886, les membres de la délégation française découvrent depuis le pont du paquebot Bretagne une femme de 93 mètres, imposante et solennelle dans sa toge de bronze. A ses pieds, les chaînes brisées de l'esclavage, dans sa main gauche, des tablettes portant l'inscription «4 juillet 1776» et une torche dans sa main droite. La Liberté éclairant le monde est achevée. L'oeuvre monumentale est aussi l'aboutissement d'une incroyable aventure humaine de onze ans que le Musée des arts et métiers à Paris se propose de retracer à travers une cinquantaine de photographies, des maquettes et des documents originaux. Et ce, à l'occasion du centenaire de la mort de son créateur, le sculpteur Auguste Bartholdi. Les images, prises à son initiative tout au long du projet, sont un véritable récit photographique animé. De la construction de la statue de la Liberté à Paris au montage à New York, la scénographie restaure la vie et le bouillonnement du chantier. Pas à pas, le spectateur assiste à la naissance de la statue tout en comprenant les ficelles de la construction et de la recherche originale de financement. Cadeau français aux Américains, ce monument commémoratif de l'indépendance des Etats-Unis apparaît être un geste symbolique, mais surtout diplomatique de la France. Pourtant, il est la concrétisation du désir d'un petit groupe de Français, proches des républicains et fortement marqués par la défaite de 1871, qui voient au travers des Etats-Unis l'expression de la République et de la liberté suprême. «Je tâcherai de glorifier la république là-bas, en attendant que je la retrouve un jour chez nous», confia Auguste Bartholdi à Edouard de Laboulaye, président de l'Union franco-américaine. Le parcours commence par le chantier à Paris, en 1875 : les premiers moules en plâtre amenés aux dimensions réelles par agrandissements successifs d'un original de 2,11 mètres ou la conception des gabarits de bois tenant lieu d'empreintes sur lesquelles les plaques de cuivre étaient mises en forme. On découvre aussi l'innovation technique de Gustave Eiffel qui imagine une structure métallique originale : une sorte de colonne vertébrale qui soutient les plaques de cuivre formant l'enveloppe de la statue, et réduit ainsi les risques d'écrasement. D'autres images illustrent le gigantisme de ce monument de 46 mètres surplombant la Plaine Monceau lors du premier montage à Paris. Après la traversée de l'Atlantique et le montage à New York, d'étonnantes épreuves immortalisent l'inauguration de la Liberté, entre défilés et feu d'artifice. Aux côtés des prouesses techniques et artistiques, l'exposition rend compte de la modernité de la stratégie de communication mise en place par Bartholdi. Les photographies ont avant tout servi à promouvoir le projet et à rassembler les fonds nécessaires, par voie de presse. Pour exciter la curiosité, le chantier était ouvert au public. Bartholdi a aussi usé des Expositions universelles de Philadelphie en 1876 et de Paris en 1878 pour présenter les morceaux de la statue hautement symboliques – la tête, le flambeau, la main. Les visiteurs pouvaient participer au financement en achetant un souvenir ou un tirage photographique. Les documents, qui gagnent désormais en cachet artistique, servaient initialement à l'une des premières opérations marketing de l'histoire !«Bartholdi, les bâtisseurs de la Liberté». 60, rue Réaumur, 75003 Paris. Jusqu'au 6 mars. Tél. : 01.53.01.82.00. www.arts-et-metiers.net Gallimard publie un hors série LaStatue de la Liberté relatant l'histoire du chantier (7,5 €).
