Accord Pharmacie : Accord avec le suisse Roche Bayer rachète Rennie et Aspro Le géant allemand de l'agrochimie et de la pharmacie continue son recentrage stratégique. Après s'être délesté de son pôle chimique qui sera coté en Bourse (nos éditions du 19 juillet), le groupe présidé par Werner Wenning renforce son pôle pharmaceutique en rachetant au suisse Roche sa branche de médicaments vendus sans ordonnance. Une transaction qui s'élève à 2,4 milliards d'euros (3,6 milliards de francs suisses), soit un an de chiffre d'affaires des activités OTC (over the counter) de Bayer et Roche réunies. «Nous allons devenir un acteur majeur du secteur OTC et continuerons d'afficher une croissance supérieure à celle du marché (3% sur la période 2002-2003, NDLR)», a indiqué hier le président de Bayer, Werner Wenning. «Nous pensons que cet accord sera rentabilisé dès la deuxième année suivant sa finalisation avec 100 à 120 millions d'euros de synergies par an. Par ailleurs, nous avons l'intention de devenir à terme le numéro un du secteur», ajoute-t-il. Un objectif qui est à la portée de Bayer. Tombent en effet dans l'escarcelle du pharmacien allemand, des produits grand public telles les pastilles Rennie utilisées lors des digestions difficiles, les vitamines Supradyn ou les produits dermatologiques comme la crème Bepanthen. Au total, cela permet à Bayer de gravir trois places au classement mondial. L'allemand accède ainsi au troisième rang, derrière l'américain Johnson & Johnson et le britannique GSK avec une part de marché de 5%. A eux seuls, les produits OTC assureront le tiers des ventes de la branche santé de Bayer et apporteront au laboratoire germanique un relais de croissance à un moment où sa branche pharmacie a été affaiblie par le retrait du marché, en 2001, de son médicament vedette contre le cholestérol : le Baycol. Mais des incertitudes demeurent quant à l'issue de cette acquisition. Quelles seront ces incidences sur l'endettement du groupe qui a fortement accru après le rachat de l'agrochimie d'Aventis pour un montant de 7,25 milliards d'euros et l'affaire du Baycol qui a coûté jusqu'à maintenant plus de 1 milliard d'euros. Certes, Bayer a affirmé que cet achat n'augmenterait pas durablement sa dette, la transaction devant être financée notamment par les réserves financières disponibles du groupe (2,6 milliards d'euros fin mars) et la vente prochaine des activités de plasmas sanguins de la société. Mais l'agence Moody's a conditionné hier la note d'endettement à long terme du groupe «A 3» à la réalisation effective «au cours des douze mois à venir des cessions d'activités périphériques envisagées par Bayer» admettant que «la situation financière du groupe est désormais tendue». Enfin, que vont dire les autorités anti-trust ? L'inventeur de l'aspirine et de l'Alka-Seltzer pourrait occuper une position anti-concurrentielle dans le secteur des médicaments soignant les maux de tête. Roche apporte un produit grand public dans ce domaine : l'Aspro.