Accuser "Pétrole contre nourriture": le Français Jean-Bernard Mérimée placé en garde à vue Jean-Bernard Mérimée, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU entre 1991 et 1995, a été placé en garde à vue lundi 10 octobre, dans le cadre de l'enquête du juge Philippe Courroye sur des malversations présumées liées au programme "Pétrole contre nourriture" en Irak. Sa garde à vue a été révélée mardi, par des sources proches du dossier. M. Mérimée, âgé de 68 ans, a été placé en garde à vue lundi à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Le juge Courroye le soupçonne d'avoir bénéficié de largesses du régime de Saddam Hussein sous forme de bons d'achat de pétrole entre 1996 et 2003, pendant la durée du programme "pétrole contre nourriture". A l'époque, Bagdad attribuait directement à des "amis" des bons d'achats de pétrole qu'ils revendaient ensuite, avec une confortable marge, aux compagnies souhaitant acheter du pétrole irakien. Jean-Bernard Mérimée, qui devrait être déféré devant le magistrat mercredi, devra probablement répondre d'avoir tiré profit de ces allocations sous forme de commissions à la revente. M. Mérimée, énarque et ancien ambassadeur, est, avec Charles Pasqua, la personnalité française la plus connue sur le plan international mise en cause dans le dossier. DÉJÀ SIX MISES EN EXAMEN DANS LE DOSSIER Le diplomate français est l'une des onze personnalités susceptibles d'avoir bénéficié d'avantages en échange de son soutien au régime irakien. Selon des documents recueillis fin mars 2005 par le juge Courroye auprès de l'ONU, l'ex-ministre de l'intérieur Charles Pasqua est notamment cité. Cinq personnes sur les onze ont déjà été mises en examen à ce jour par le juge Courroye : le secrétaire général de l'association des Amitiés franco-irakiennes Gilles Munier, l'ancien conseiller diplomatique de M. Pasqua Bernard Guillet, le diplomate Serge Boidevaix, l'homme d'affaires Claude Kaspereit et la journaliste palestinienne Hamida Na'na. En outre, comme l'a annoncé le Journal du Dimanche, un Irakien Jaber Khalef Awad a été mis en examen la semaine dernière dans ce même dossier pour "corruption d'agent public étranger". Il aurait servi d'intermédiaire pour aider Total à se procurer du brut irakien. L'ENQUÊTE EST OUVERTE DEPUIS JUIN 2005 Le programme "pétrole contre nourriture" avait été conçu pour aider les Irakiens à survivre aux sanctions internationales imposées au régime de Saddam Hussein, après l'invasion du Koweit en 1990. C'est l'instruction ouverte à Paris en 2002 sur des faits d'"abus de biens sociaux" au préjudice de Total qui a permis de mettre en évidence récemment les contournements du programme onusien "pétrole contre nourriture". Fin juin 2005, le parquet a autorisé le magistrat à enquêter sur de possibles opérations de corruption de fonctionnaires étrangers pour l'obtention de pétrole entre 2001 et 2003, la qualification n'étant applicable en droit français que depuis septembre 2000.