Annonce Pesticides : deux tiers des eaux toujours contaminées Un rapport souligne lundi la permanence de ce type de pollution en France. En 2002, 400.000 personnes ont ainsi été concernées par des restrictions d'alimentation en eau potable. Les deux tiers des rivières et nappes souterraines françaises contrôlées en 2002 étaient contaminées par des pesticides. C'est ce qu'indique l'Institut français de l'environnement (IFEN) dans son sixième rapport annuel publié lundi. Permanence En rivière, 75% des points contrôlés présentaient au moins un pesticide, c'est-à-dire une substance chimique utilisée pour lutter contre les mauvaises herbes, les insectes et les maladies en agriculture, mais aussi pour désherber les voies ferrées ou dans les jardins par exemple. 57% des contrôles en eaux souterraines révélaient une concentration de pesticides. Ces chiffres sont quasiment identiques à ceux de 2001 (73% des eaux de surface et 57% des eaux souterraines contaminées), attestant la permanence du phénomène. L'IFEN a effectué des analyses sur 1.462 points de mesure dans les eaux de surface et 3.681 dans les nappes souterraines. Sur ces 5.143 points de mesure, 3.441 correspondent aux captages d'eau qui sont utilisés pour fournir l'eau potable aux usagers. Leur état est de meilleure qualité que l'ensemble de l'échantillon : deux sur trois peuvent être utilisés sans traitement spécifique des pesticides. Restrictions Toutefois, à cause de leur teneur en pesticides, près de 4 points d'eau de surface sur 10 et 2 points d'eau souterraine sur 10 ont nécessité un traitement préalable. 5% de la population française a été alimentée en 2001 par une eau ayant dépassé au moins une fois la limite légale de 0,1 microgramme de substance chimique par litre d'eau, révèle le rapport. Des restrictions d'alimentation ont été mises en œuvre pour 193 unités de distribution concernant 400.000 personnes. Parmi les molécules chimiques recherchées en 2002, les triazines, une famille de désherbant interdite en 2003, restent toujours les plus fréquemment retrouvées dans les eaux. Pour mémoire, la France est, avec les Etats-Unis et le Japon, l'un des trois principaux utilisateurs de pesticides au monde. Les consommateurs "choqués" L'association de consommateurs CLCV (consommation, logement et cadre de vie) a affirmé lundi que les consommateurs sont "choqués depuis l'arbitrage retenu par le Premier ministre, qui conduit à renoncer à taxer les nitrates et ainsi à lutter contre la pollution de l'eau". Le projet de loi sur l'eau présenté à la consultation du public par le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier prévoyait de taxer les excédents d'azote de l'agriculture, responsables des nitrates de l'eau. Le ministre de l'agriculture Hervé Gaymard a annoncé vendredi que le Premier ministre, "confirmant la position du président de la République, a rendu son arbitrage : il n'y aura pas de nouvelle taxe prélevée sur les agriculteurs". Dans un communiqué, la CLCV "s'indigne" de ce revirement "alors que la qualité de l'eau continue de se dégrader".