Mort de Paul Scofield
Mort Paul Scofield, acteur britanniqueLe théâtre britannique est en deuil : il vient de perdre Paul Scofield, l'un des plus grands acteurs shakespeariens du XXe siècle, mort mercredi 19 mars, des suites d'une leucémie. Il avait 86 ans.On mesure mal, en France, la gloire de Paul Scofield en son pays, où il est considéré comme un mythe, à l'égal d'un Laurence Olivier. Les troupes britanniques traversant peu la Manche, Paul Scofield est venu jouer une seule fois à Paris, en 1965, au Théâtre Sarah Bernhardt (l'actuel Théâtre de la Ville) avec Le Roi Lear, de Shakespeare, mis en scène par Peter Brook, dont il a été l'acteur fétiche.Dates clés21 janvier 1922Naissance à Hurstpierpoint (Royaume-Uni).1955Joue "Hamlet", mis en scène par Peter Brook.1966Oscar du meilleur acteur pour "Un homme pour l'éternité".19 mars 2008Mort dans le Sussex.[-] fermer"J'ai travaillé avec beaucoup de personnes extraordinaires, dit le metteur en scène Peter Brook, mais Paul Scofield était unique. Comme homme, et comme acteur." Comme homme, Paul Scofield a vécu d'une manière subtilement cachée, fuyant les mondanités et les distinctions. Il a ainsi refusé d'être anobli par la reine Elizabeth II, préférant les marches dans la campagne du Sussex, où il habitait depuis 1953, ou sur la lande de sa retraite écossaise de l'île de Mull."Rien ne l'intéressait, dit Peter Brook, sinon sa recherche intérieure. Il était l'acteur absolu. Pas l'acteur-caméléon, qui fait une composition, mais l'acteur de l'incarnation. On avait l'impression qu'à l'intérieur de lui, il y avait une immense caverne, et qu'il suffisait qu'un mot tombe pour qu'il résonne."Né le 21 janvier 1922, Paul Scofield a eu une vocation précoce. Dès 1939, il apprend l'art dramatique à la Croydon Repertory Theater School, puis à la Mask Theater School de Londres. Dispensé de service militaire pour un problème de santé, il traverse la seconde guerre mondiale en jouant comme acteur itinérant. En 1946, il rejoint Stratford-upon-Avon, la ville de Shakespeare. Sa terre de théâtre.C'est là qu'il fait ses grands débuts dans Hamlet, avant d'être Mercutio dans Roméo et Juliette, Troïlus dans Troïlus et Cressida, ou Périclès dans la pièce du même nom. Ainsi s'annonce une carrière qui mène Paul Scofield à travailler dans la compagnie de John Gielgud, puis, surtout, avec le jeune Peter Brook, qui le met en scène en 1955 dans un Hamlet d'anthologie - le premier spectacle britannique invité à Moscou depuis la fondation de l'Union soviétique.Dix ans et plusieurs pièces plus tard, dont une adaptation de La Puissance et la Gloire, de Graham Greene, Brook et Scofield atteignent, avec Le Roi Lear invité à Paris, un sommet de l'art de la représentation shakespearienne, dont ils feront un film.Paul Scofield aurait pu faire une carrière au cinéma. En 1966, il a obtenu l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Sir Thomas More dans Un homme pour l'éternité, de Fred Zinnemann. Mais il a refusé de prendre le chemin des studios, pour se consacrer au théâtre, où il a joué, à côté de Shakespeare, John Osborne, Tchekhov ou Peter Schaffer avec un talent jamais démenti et cette allure de vieux rocher secret qui n'appartenait qu'à lui.En presque soixante ans de carrière ininterrompue, l'acteur n'a tourné qu'une dizaine de films, dont Le Train, de John Frankenheimer, Quizz Show, de Robert Redford, ou Henry V, de Kenneth Branagh, qui déplore aujourd'hui la mort d'un "colosse".