Démission Paul Le Guen quitte l'Olympique lyonnais Paul Le Guen, l'entraîneur de Lyon, sacré dimanche 8 mai, pour la quatrième fois consécutive, champion de France de football, a annoncé, lundi 9 mai, qu'il quittait son poste, après trois ans de contrat. "J'ai décidé de ne pas prolonger à l'Olympique lyonnais. J'ai considéré qu'on avait fait un très, très bon cycle, mais après avoir considéré la possibilité de faire trois ans de plus, j'ai préféré rester là-dessus", a déclaré Paul Le Guen. "Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je ne suis pas lassé du football." Pourtant, Paul Le Guen a réussi ce que peu d'entraîneurs ont fait. Avec un quatrième titre consécutif de l'Olympique Lyonnais, dont trois sous ses ordres, Paul Le Guen a rejoint un cercle très fermé. Seuls Albert Batteux (1967-1970) et Robert Herbin (1974-1976) avaient, avant lui, décroché trois titres à la suite, tous deux avec Saint-Etienne, le voisin et rival de l'OL. "Un entraîneur est un homme de résultats", disait Jacques Santini, le prédécesseur de Paul Le Guen, qui a conduit Lyon à sa première couronne de champion, en 2002. Paul Le Guen répondait sans conteste à la définition. "Je marche à l'émotion. Durant ma carrière de joueur, je suis toujours rentré sur le terrain en me disant : 'vas-y, profite'. Les matches sont des moments intenses, qu'il y ait défaite ou victoire". En faisant de Lyon le troisième club français à être sacré quatre fois de suite après Saint-Etienne (1976-1970) et Marseille (1989-1992), Paul Le Guen a réussi aussi un autre tour de force, celui d'assurer la continuité. "En début de saison, j'insiste toujours dans ma première causerie sur une donnée, précisait-il. Je dis à mes joueurs : 'Messieurs, vous n'êtes plus champions, vous n'êtes que des candidats au titre'". Cette culture de la gagne, Paul Le Guen dit l'avoir apprise du président du club, Jean-Michel Aulas. "C'est le président qui l'incarne", avait lancé M. Le Guen. "Il la transmet aux joueurs et aux entraîneurs. Jean-Michel Aulas incarne le refus de la défaite. Je m'en inspire." A 41 ans, Paul Le Guen, né à Pencran, dans le Finistère, a désormais le privilège rare d'avoir presque tout gagné, à la fois comme joueur et comme entraîneur. COMPLEXITÉ DU MÉTIER D'ENTRAÎNEUR Après des expériences à Brest et à Nantes, c'est avec le PSG, dont il porte le maillot de 1991 à 1998, qu'il étoffe son CV. Avec Paris, il a remporté la Coupe des coupes en 1996, le titre de champion de France en 1994 et trois Coupes de France, en 1993, 1995 et 1998. Paul Le Guen a inscrit 23 buts en 478 matches professionnels entre 1982 et 1998 et a décroché 17 sélections en équipe de France entre 1993 et 1995. "Un titre en tant qu'entraîneur, c'est plus complexe", estimait-il. "Cela demande beaucoup plus d'engagement et on prend plus de coups." Avec Lyon, il garnit donc sa carte de visite en tant que technicien, ce rôle qu'il a toujours voulu embrasser. "C'est une démarche réfléchie", expliquait-il. "J'ai largement anticipé et je ne regrette pas. J'aime trop le football." Nanti d'une maîtrise d'économie et à peine sorti de son service militaire, il bûche l'été de ses 24 ans et décroche son diplôme d'entraîneur dans la foulée. "Je suis agacé d'entendre les gens dire que c'est difficile de passer d'un statut à un autre", dit-il. "Il faut simplement y avoir bien pensé. Cela permet de prolonger une carrière de joueur de manière exceptionnelle." Au-delà de ces récompenses, Paul Le Guen a su aussi et surtout imposer un style ferme mais poli, respectueux et réfléchi. "Il a toutes les qualités pour devenir l'Arsène Wenger de l'OL", disait de lui régulièrement Jean-Michel Aulas. PÉTITION A tel point qu'au moment où planaient des interrogations concernant son avenir, ses joueurs, un par un, sont montés au créneau pour lui demander de rester. Grégory Coupet a même lancé l'idée d'une pétition. Florent Malouda ou Claudio Caçapa, eux, ne se gênaient pas pour dire en conférence de presse qu'ils voulaient poursuivre l'aventure avec Paul Le Guen. En Breton pure souche, M. Le Guen s'est fixé des règles et s'y tient, comme par exemple celle de limiter ses sorties médiatiques aux veilles et soirs de matches. "La distance est une force", disait-il. "Il faut avoir la passion parce qu'elle est naturelle mais il faut de la distance. C'est essentiel." S'il consent parfois à accorder un entretien, il se livre rarement. "Si je reste dans la mémoire des gens comme quelqu'un utilisant la langue de bois, cela ne me gêne nullement", disait-il. Meurtri par sa première expérience à Rennes (1998-2001), dans la région de son cœur, où il fut rapidement éconduit, il porte un regard moins idyllique sur un métier dont il sait qu'il ne l'exercera pas toute sa vie. Ainsi à Lyon, où sa famille ne se plaît pas trop, il a toujours préféré la location à l'achat d'une maison. Arrivé à Lyon le 21 mai 2002, il n'avait signé que pour deux ans et une saison optionnelle à l'époque. Terminé, le temps des grandes histoires d'amour annoncées. En décembre 2003, il lève cette option mais un an plus tard, alors que son patron aurait aimé lui faire prolonger son bail au-delà du 30 juin 2005, il s'est fait hésitant. Il a enfin tranché et son histoire avec l'OL a connu son épilogue, lundi.