Mort de Patrick Maugein
Mort Patrick Maugein, homme d'affairesPatrick Maugein, homme d'affaires proche de Jacques Chirac, est mort des suites d'un cancer, mardi 5 décembre. Il était âgé de 59 ans.Patrick Maugein a fait partie des premiers grands intermédiaires dans le négoce de matières premières entre l'Europe, l'Afrique et les pays arabes.Né le 1er mai 1947 à Brive-la-Gaillarde, polytechnicien, il était passé par l'Insead (Institut européen d'administration des affaires). Grâce à ses origines corréziennes, il devient proche de l'influente famille Dauzier, qui lui ouvre la voie dans le commerce international.Pierre Dauzier, alors patron d'Havas, et son frère, Jean-Marie, l'un des dirigeants du Crédit agricole, lui font aussi connaître, en 1978, un ami intime de la famille, Jacques Chirac.Grâce aux Dauzier, Patrick Maugein se constitue un carnet d'adresses dans l'univers de l'intermédiation en Afrique. Solitaire, il construit sa fortune personnelle comme apporteur d'affaires et noue des relations dans le monde politique et des affaires. Aux carrières classiques de nombre de polytechniciens, il préfère le parfum de l'aventure et se lie avec des hommes qui lui ressemblent.A la fin des années 1970, Patrick Maugein croise le chemin d'un autre aventurier, Marc Rich, qu'il rejoint à Madrid. M. Rich deviendra le "roi" des intermédiaires, et ses recrues dirigeront plus tard les grands du trading d'aujourd'hui, Trafigura et Glencore.PÉTROLE CONTRENOURRITUREA cette époque, Patrick Maugein agit comme partenaire de M. Rich, à qui il fournit le lien avec l'Afrique et les pays arabes. Il n'intègre des structures qu'à la fin des années 1990, quand il devient président de la société pétrolière Soco International, cotée au London Stock Exchange et spécialisée dans l'exploration et la production. L'ONU suspectait dernièrement Patrick Maugein d'avoir joué, via Soco, un rôle dans l'affaire du détournement du programme "Pétrole contre nourriture", ce qu'il a toujours nié.La justice française, chargée d'enquêter sur ce dossier, ne l'avait pas poursuivi. D'après les autorités américaines, il faisait partie de ceux "grâce à qui l'Irak espérait améliorer ses relations avec la France". Il n'a jamais nié qu'il connaissait les officiels irakiens, dont le ministre des affaires étrangères de Saddam Hussein, Tarek Aziz, depuis plus de vingt ans.Dans un entretien au Monde, Patrick Maugein estimait qu'il "était le pigeon idéal de la presse néoconservatrice américaine du fait de (ses) relations avec Jacques Chirac".Seul l'ancien PDG d'Elf-Aquitaine, Loïc Le Floch-Prigent, évoquera sur un mode soupçonneux, dans son livre Affaire Elf, affaire d'Etat (Le Cherche Midi), les relations entre le chef de l'Etat et cet intermédiaire de haut vol.