Grève "Paris Match" se met en grève pour la première fois depuis Mai 68 La rédaction de Paris Match (Hachette Filipacchi Médias, groupe Lagardère) a décidé de se mettre en grève, jeudi 29 juin, pour protester contre l'éviction "pour des raisons politiques" de son patron, Alain Genestar. Dans l'histoire de cet hebdomadaire, fondé en 1949, un seul débrayage avait eu lieu, pendant les événements de Mai 68. Sur 122 votants, 65 se sont prononcés mercredi pour une journée de grève jeudi avec assemblée générale, 46 pour "d'autres moyens d'action" et 11 ne se sont pas prononcés, a indiqué la rédaction dans un communiqué. Ce mouvement n'aura certes que peu de conséquences : bouclé mardi, Paris Match est sorti normalement jeudi dans les kiosques. M. Genestar y a signé son dernier éditorial, illustré avec la photo qui est dans son bureau depuis sept ans, une photo prise à Budapest en 1956. "Ecrire pour Match n'a de sens que si l'écriture est accompagnée d'une photographie ou inspirée par elle. Celle-ci m'aide à réfléchir. Depuis sept ans, j'écris avec vue sur elle. Il était temps que je vous la montre", écrit M. Genestar. Des rumeurs insistantes, évoquées par la lettre Presse News, mentionnaient, mercredi, la possible arrivée à la tête de l'hebdomadaire de Christian de Villeneuve, directeur de la rédaction du Parisien et d'Aujourd'hui en France (groupe Amaury). La direction d'HFM faisait savoir jeudi matin que "c'est l'une des pistes étudiées mais rien n'est signé". Cette nomination éventuelle est d'ores et déjà dénoncée par une partie de la rédaction. En attendant, la direction de Paris Match est assurée, par intérim, par Olivier Royant, directeur général adjoint de la rédaction. Les rumeurs sur la mise à l'écart de M. Genestar couraient depuis la couverture du 25 août 2005, qui montrait Cécilia Sarkozy, épouse du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy, en compagnie du publicitaire Richard Attias, présenté comme son compagnon. Un numéro qui s'était vendu à 900 000 exemplaires. Cette publication avait fortement mécontenté Nicolas Sarkozy, qui l'avait fait savoir à son ami Arnaud Lagardère. Celui-ci avait donc convoqué M. Genestar pour lui faire part de son mécontentement. Gérald de Roquemaurel, PDG d'HFM, parlait, à propos de cette histoire, la semaine dernière, devant la rédaction, d'un "différend déontologique" entre le propriétaire et le directeur de la rédaction, accusé implicitement d'avoir provoqué ainsi une "déstabilisation de la rédaction". une vision des choses rejetée par la rédaction. "Comme tout média d'information, nous tenons à réaffirmer avec force et inquiétude l'impérieuse nécessité pour Paris Match de travailler en toute indépendance éditoriale - indépendance qui est la nôtre depuis 57 ans", rappelle la Société des journalistes. Cette décision intervient à moins d'un an de l'élection présidentielle, soulignent plusieurs journalistes. Ironie : Paris Match publiait la semaine dernière des photos du couple Sarkozy réconcilié en week-end à Londres...