Annonce Paris demande à Ankara de reconnaître le génocide arménien En marge d'une réunion des chefs de la diplomatie européenne consacrée à la préparation du sommet européen sur l'ouverture des négociations de la Turquie à l'Union européenne, le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, a demandé à la Turquie de "faire son devoir de mémoire". Le président Jacques Chirac, invité du journal de 20 heures de TF1 mercredi, s'exprimera sur l'éventualité de l'ouverture des négociations.La France demandera à la Turquie de reconnaître le "génocide" arménien pendant ses négociations d'adhésion à l'Union européenne, a déclaré lundi 13 décembre le ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier. Cette demande, qui ne constitue pas une condition à l'ouverture de négociations, a provoqué une fin de non-recevoir de la part des autorités turques, qui démentent que la mort de nombreux Arméniens en 1915 constitue un génocide. "La France posera cette question", a dit Michel Barnier en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie européenne consacrée à la préparation du sommet européen. "Je pense qu'un grand pays comme la Turquie doit faire son devoir de mémoire", a-t-il ajouté. Il a dit avoir "évoqué la demande que fera la France, au cours de la négociation, d'une reconnaissance de la tragédie du début du siècle qui a touché plusieurs centaines de milliers d'Arméniens", a ajouté le ministre français. "Si, comme je le crois, le projet européen depuis plus de 50 ans est fondé sur la réconciliation, réconciliation entre nous - et la France et l'Allemagne ont fondé ce projet sur cette idée-là - et puis réconciliation avec soi-même, alors je pense que la Turquie devra, le moment venu, faire le travail de mémoire, de réconciliation avec sa propre histoire et reconnaître cette tragédie", a ajouté M. Barnier.REFUS D'ANKARAPrié de dire s'il croyait que la Turquie allait changer changer sa position, il a répondu : "Ce qui est nouveau, c'est que la Turquie veut maintenant entrer dans l'Union." Mais, comme en 2001, lorsqu'elle avait durement réagi à la reconnaissance du génocide arménien en suspendant l'achat de matériel militaire français ainsi que les visites officielles en France, la Turquie ne paraît pas près d'accepter cette demande. "Notre position est bien connue", a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères turc. "Nous ne reconnaissons aucun soi-disant génocide et nous ne le reconnaîtrons jamais", a-t-il ajouté.De son côté, la République de Chypre a demandé à ce que la Turquie manifeste sa volonté de normaliser ses relations avec Nicosie avant le sommet européen de mars 2005. Cette normalisation, a expliqué le ministre des affaires étrangères chypriote, George Iacovou, doit passer par l'élargissement par Ankara aux dix nouveaux pays de l'Union européenne de l'accord d'union douanière qui lie la Turquie et l'UE. "Nous n'avons pas demandé une reconnaissance définie sur le plan international, mais une normalisation des relations en général et en particulier dans le domaine bilatéral", a-t-il ajouté.Réunis à Bruxelles et en proie à de fortes dissensions sur le dossier turc, les chefs de la diplomatie des Vingt-Cinq ont entamé lundi leur débat sur l'opportunité d'ouvrir les pourparlers d'adhésion avec Ankara, prélude à la décision que doit prendre en fin de semaine le sommet européen.
