Annonce Palme d'Or : le jury réfute un choix politique"Fahrenheit 9/11 était le meilleur film de la compétition", a affirmé dimanche Quentin Tarantino. Le jury du festival de Cannes a justifié son choix lors d'une conférence de presse. La première du genre. Palme d'or à Michael Moore (23/05/2004)Le jury du 57e Festival de Cannes, présidé par l'Américain Quentin Tarantino, a assuré dimanche que la Palme d'Or accordée au pamphlet anti-Bush de Michael Moore Fahrenheit 9/11 n'avait rien de politique. "J'avais déjà dit une chose au préalable (...) je ne voulais pas que la politique" intervienne, "la seule chose qui compte c'est le film", a déclaré Quentin Tarantino lors de la première conférence de presse du genre dans l'histoire du festival. "Dans ce cas, nous étions tous d'accord pour estimer que Fahrenheit 9/11 était le meilleur film de la compétition", a-t-il ajouté, réaffirmant ce qu'il avait dit la veille à Michael Moore : "Ce n'est pas pour des raisons politiques que tu as reçu la Palme d'Or, c'est parce que c'est le meilleur film"."Vive la différence"Fahrenheit 9/11 est "plus qu'un documentaire, il tend à inventer un nouveau genre (...) et il fallait rendre hommage à cela", a commenté l'actrice américain Kathleen Turner. L'actrice écossaise Tilda Swinton a lancé : "Vive la différence, ce film fait quelque chose d'exceptionnel". "On a eu l'esprit élargi avec ce film, on ne peut faire ça qu'avec le cinéma", a-t-elle dit. "L'information se trouve déjà dans les médias, c'est peut-être vrai pour certains, mais je ne savais pas tout ça", a renchéri Quentin Tarantino. "Ce qui a compté c'est l'humour de ce film, l'esprit satirique, un film qui trouve le ton juste". Le critique finlandais Peter Von Bagh Peter a souligné que le documentaire était sous représenté dans beaucoup de festivals" et a vu dans Fahrenheit 9/11 "une dimension shakespearienne", tandis que l'écrivain américain originaire d'Haïti Edwige Danticat évoquait un film qui "se fait l'écho de gens qui n'ont jamais la parole", ce qui est "tout à fait touchant"."A deux voix près""A deux voix près", Old Boy, le polar ultra-violent du Sud-coréen Park Chan-wook, couronné du Grand Prix du jury, "aurait très bien pu obtenir la Palme d'Or", a par ailleurs déclaré Quentin Tarantino, qui, selon plusieurs sources, s'est battu bec et ongles pour que le film sud-coréen obtienne la récompense suprême. "C'était une course très serrée entre ces deux films", a-t-il renchéri. Sur le Prix d'interprétation masculine décerné au jeune acteur japonais Yuuya Yagira pour son rôle dans Nobody Knows de Hirokasu Kore-eda, l'acteur belge Benoît Poelvoorde a dit : "Il nous a touché. C'est un personnage qui évolue, qui grandit, l'âge n'a aucune importance, c'est la vérité, l'émotion qu'il a fait passer" qui a séduit le jury.Quant au Prix du meilleur scénario, décerné au couple Agnès Jaoui/Jean-Pierre Bacri pour Comme une image, il fut "l'un des plus faciles à remettre", selon le président du jury. "On y trouve des sentiments universels, tout le monde s'y reconnaît".La presse américaine reste factuelleLa presse dominicale américaine était très factuelle dimanche après l'attribution de la Palme d'Or. Le New York Times estime "la récompense accordée à Moore va au-delà du monde du cinéma et des paillettes" et souligne qu'il s'agit d'une "véritable surprise". "Peu importe ce que vous pensez de M. Moore, il est clair qu'il a de la dynamite ici provenant de sources variées", indique le NYT. "Bien sûr M. Moore a été sélectif dans ces choix ; il est un polémiste et non un journaliste", ajoute le quotidien new-yorkais. "Une Palme d'Or n'influence pas toujours directement le box-office mais dans ce cas cela va sûrement aider à la performance de ce film", écrit pour sa part le Los Angeles Times, qui souligne que l'annonce de cette récompense a été accueillie par des applaudissements "soutenus" à Cannes.
