Annonce PALMARÈS 2004 «Le Figaro» établit le premier classement, toutes éditions confondues, des auteurs à succès Les dix romanciers français qui se vendent le plus Aucun d'eux n'a obtenu, cet te année, un prix littéraire. Et, pourtant, en termes de ventes, ce sont les plus notables des romanciers français que Le Figaro vous présente ici. De Marc Levy, le numéro un de notre palmarès, à Juliette Benzoni, la dixième, en passant par Bernard Werber, Amélie Nothomb, Fred Vargas, Anna Gavalda... (voir tableau ci-contre), notre palmarès montre, au moins, une chose : les Français aiment qu'on leur raconte des histoires à l'ancienne et achètent des livres ; et qu'il y a des romanciers pour combler leur désir, des romanciers qui vendent beaucoup, comme le docteur André Soubiran et Maurice Dekobra ou, au XIXe siècle, Xavier de Montépin et Eugène Sue. L'enquête recense toutes les ventes réalisées entre le 1er janvier et le 31 décembre 2004, prend en compte les éditions originales (dites de «grand format»), les éditions en collections de poche, dans tous les circuits de distribution, et les éditions diffusées par les deux clubs, France Loisirs et Le Grand Livre du mois. Le résultat montre également le poids – immense – de ces auteurs à succès. A eux dix, ils pèsent très lourd dans l'édition française. Qu'on en juge : «Ces dix auteurs réalisent 11% des ventes en volume de la fiction moderne (soit 7,1 millions d'exemplaires vendus) et 11% en valeur (soit 73,6 millions d'euros de chiffre d'affaires», commente Odile Ropert, analyste «marketing livre» chez GFK France. Imaginez une maison d'édition qui posséderait dans son écurie ces dix romanciers ! Quel rêve ! D'autant que ces auteurs ont la particularité d'être d'une fécondité régulière, de demeurer fidèles à leur éditeur et de ne pas se poser en vedettes ! On remarque aussi qu'Albin Michel témoigne d'un indéniable savoir-faire : la maison d'édition ne voit-elle pas cinq de ses poulains dans les dix premiers ? Mais, et c'est inattendu, deux «petits» éditeurs ont su tirer leur épingle du jeu. Viviane Hamy, grâce à Fred Vargas ; et Le Dilettante, avec Anna Gavalda. Les ventes en collection de poche assurent de belles rentrées aux auteurs ayant un «fonds». Amélie Nothomb, avec ses nombreux romans, mais aussi Eric-Emmanuel Schmitt, Bernard Werber, Juliette Benzoni, sont des valeurs sûres du petit format. Les droits qui leur sont versés sont, évidemment, beaucoup moins importants lorsque les livres sont publiés en poche, mais les ventes de ce secteur sont significatives du goût du grand public. Christian Jacq, grâce une trentaine de titres vendus en collection de po che en 2004, con firme ainsi qu'il est l'un des auteurs les plus populai res. Signalons, enfin, la conséquence entraînée par le fait d'être inscrit au programme des collèges, ainsi Bernard Werber, dont la lecture est recommandée dans certaines classes. Ces dix auteurs, qui font la fortune de leurs éditeurs, sont, nous l'avons dit, d'une fidélité à toute épreuve. Pour la plupart d'entre d'eux, là où ils ont commencé, ils poursuivent. Amélie Nothomb, découverte en 1992 par le PDG d'Albin Michel, en personne, Francis Esménard, est toujours, treize ans plus tard, sous son aile. Et pourtant, les propositions alléchantes ne lui ont pas manqué. Mais les auteurs semblent très attachés à ceux qui, les premiers, leur ont fait confiance. Anna Gavalda, qui avait été refusée par plusieurs comités de lecture, avant d'être publiée par Dominique Gaultier, patron du Dilettante, ne souhaite pas changer d'éditeur. Même attitude de la part de Fred Vargas, éditée depuis ses débuts par Viviane Hamy. Faut-il préciser que, pour ces deux jeunes maisons d'édition, le départ de leur auteur phare aurait des conséquences dramatiques ? Une surprise, enfin. L'absence, dans ce palmarès, de maisons d'édition historiques. Ni Gallimard, qui est sûrement l'éditeur le plus célèbre d'Europe et dont le catalogue constitue comme une annexe historique du pays, et se trouve être, à travers La Pléiade, la mémoire même de la littérature française ; ni Grasset ni Le Seuil, qui ne le cèdent pas à la NRF, à différents points de vue, ne parviennent à se hisser dans le classement. Laurent Gaudé, l'heureux lauréat du prix Goncourt 2004, avec Le Soleil des Scorta (Actes Sud), figure au treizième rang de notre classement, avec 230 000 exemplaires. Ce n'est pas suffisant pour être classé, mais c'est beaucoup mieux que le Goncourt 2003, qui s'était vendu à moins de 97 000 exemplaires (La Maîtresse de Brecht, de Jacques Amette, chez Albin Michel). Une nouvelle preuve que qualité et gros tirages ne font pas toujours bon ménage...
