Procès Ouverture jeudi du premier grand procès pour pédophilie au Portugal Sept personnes comparaissent à partir de jeudi devant la justice dans le cadre du premier grand procès pour pédophilie au Portugal, deux ans après la révélation d'abus sexuels sur des mineurs accueillis par l'institution publique Casa Pia.Reporté à plusieurs reprises, le procès des six hommes et d'une femme, accusés d'abus sexuels sur 32 mineurs, se déroulera à huis clos au tribunal criminel de Boa Hora à Lisbonne.L'affaire Casa Pia, du nom d'une institution publique reconnue qui accueille des enfants et des adolescents de milieux défavorisés ou en difficulté, fait la une des médias au Portugal depuis la publication dans la presse en novembre 2002 de témoignages de victimes présumées.Selon les responsables actuels de la Casa Pia, plus d'une centaine de mineurs auraient été victimes d'abus sexuels dans plusieurs foyers gérés par l'institution. Plus de 700 témoins ont été entendus au cours de l'instruction.Parmi les accusés qui comparaîtront à la barre à partir de jeudi figure un présentateur vedette de télévision, Carlos Cruz, un ancien diplomate, Jorge Ritto, un médecin ou encore Carlos Silvino dit "Bibi", un ancien employé de la Casa Pia.En décembre dernier la justice avait mis en accusation dix personnes, mais elle avait ensuite abandonné les poursuites contre trois d'entre elles, notamment le député socialiste Paulo Pedroso et un célèbre animateur d'émissions télévisées, l'humoriste Herman José.Ancien ministre, Paulo Pedroso, dont le mandat parlementaire a été suspendu deux fois en un an, avait retrouvé en juin dernier son siège après que la justice eut soulevé des doutes concernant la validité des preuves retenues contre lui.Actuellement, seul l'ancien chauffeur Bibi, formellement accusé de plus de 600 crimes de violences sexuelles sur des mineurs, se trouve en détention préventive.Plusieurs autres prévenus placés en détention préventive au début de l'instruction ont été remis en liberté sous contrôle en attendant le procès, en particulier Carlos Cruz, 63 ans, et Jorge Ritto, 68 ans.Accusé de six crimes d'abus sexuel, Carlos Cruz, l'un des animateurs les plus populaires et les mieux payés de la télévision portugaise, clame son innocence."Dans mon cas, outre les témoignages de six ou sept jeunes gens qui se connaissent depuis longtemps, il n'y pas une seule écoute téléphonique, une photo, une vidéo ou une déposition", s'est défendu M. Cruz dans un entretien au quotidien Jornal de Noticias.Hormis la première audience, qui sera ouverte à un public restreint ainsi qu'à une quinzaine de journalistes, le juge en charge de l'affaire a décidé que le procès se déroulerait à huis clos afin de protéger les victimes présumées, dont certaines sont âgées de moins de 16 ans.Un porte-parole sera chargé de lire en fin de séance un communiqué à la presse, tandis qu'une salle de presse a été aménagée pour la première fois dans un tribunal.La couverture par la presse de l'affaire de la Casa Pia a suscité un vif débat au Portugal sur le respect du secret de l'instruction, largement battu en brèche, ou encore sur le recours jugé parfois abusif à la détention préventive. Début novembre, une cinquantaine de journalistes avaient été mis en examen pour violation du secret d'instruction.L'affaire Casa Pia a ébranlé la confiance des Portugais dans leurs institutions, lorsqu'il est apparu que les autorités avaient ignoré pendant des années les témoignages d'enfants sur les agressions sexuelles dont ils étaient victimes.