Procès Ouverture du procès des écoute illégales à Hollywoode procès d'Anthony Pellicano, surnommé le "détective des stars" et accusé d'avoir placé des personnalités d'Hollywood sur écoutes téléphoniques et de les avoir intimidées, s'est ouvert mercredi 5 mars à Los Angeles. Il pourrait durer jusqu'à dix semaines et voir témoigner des acteurs comme Sylvester Stallone, Keith Carradine, Chris Rock, Farrah Fawcett ou encore l'ancien patron de Disney, Michael Ovitz. Retour sur une affaire qui pourrait bien éclabousser des grands noms des milieux du cinéma.Article publié le 21 avril 2006Hollywood est secoué par l'"affaire Pellicano", un imbroglio policier digne d'un roman noir. Intimidations, écoutes téléphoniques, divorces, rumeurs de scandales impliquant des figures du cinéma. Rien n'y manque. Le principal intéressé lui-même, Anthony Pellicano, est un détective privé soupçonné d'avoir placé des personnalités d'Hollywood sur écoutes téléphoniques, et de les avoir intimidées. L'affaire débute comme un thriller... Et son dénouement pourrait bien éclabousser des grands noms des milieux du cinéma.Un matin de juin 2002, Anita Busch, journaliste au quotidien Los Angeles Times, retrouve sa voiture avec le pare-brise fracassé. Sont posés sur le capot un poisson mort avec une rose dans la gueule et un mot : "Stop". Dans l'échelle des menaces et techniques d'intimidation de la mafia, le "poisson mort avec rose" est à prendre au sérieux. La journaliste prévient donc immédiatement la police.L'enquête piétine jusqu'au jour où un repris de justice qui coopère avec les enquêteurs, Alexander Proctor, avoue avoir organisé l'agression contre la reporter, à la demande d'Anthony Pellicano. Avec un nom digne d'un casting, des bureaux sur le tronçon chic de Sunset Boulevard à Los Angeles, Anthony Pellicano n'est pas un inconnu. Il s'est spécialisé dans la recherche d'informations susceptibles de détruire la réputation d'un adversaire. Son triple jeu de cartes de visite mentionne, au choix : "investigation privée", "surveillance électronique" ou bien "négociations" !Les agents du FBI perquisitionnent les bureaux du détective et découvrent un véritable arsenal, des armes, des grenades antipersonnel et une quantité importante d'explosifs de type militaire (plastic C-4), ainsi que de grosses sommes d'argent en liquide...M. Pellicano est aussitôt condamné par la justice fédérale à une peine de trente mois de prison pour détention illégale d'armes. Il vient de finir de purger cette première peine, mais les 110 autres chefs d'inculpation retenus contre lui (association de malfaiteurs, corruption de fonctionnaires, tentatives de subornation de témoins, extorsion, accès illégal à des informations gouvernementales...), lui valent de rester en détention provisoire, sans possibilité de libération sous caution.Car les coffres-forts du détective cachaient d'autres pièces à conviction, qui ont fait rebondir l'affaire. Notamment des heures de conversations téléphoniques enregistrées clandestinement sur bandes magnétiques pour le compte de ses clients, souvent des avocats agissant eux-mêmes pour le compte des clients célèbres qu'ils représentaient et défendaient. La question est de savoir si le privé agissait avec le consentement desdits clients, ou bien à leur insu.Les premières écoutes téléphoniques révélées ont impliqué l'entrepreneur milliardaire Kirk Kerkorian, qui fut propriétaire des studios MGM, et qui entamait un divorce difficile. Des millions de dollars d'indemnités étaient en jeu, et le détective a été embauché pour rassembler des informations négatives de nature à discréditer l'épouse dont il avait un enfant.Sur la liste des victimes des écoutes téléphoniques, on trouve aussi la vedette Sylvester Stallone, l'acteur Keith Carradine, qui vient d'annoncer qu'il poursuivait Pellicano au civil, ainsi qu'un ancien producteur, Aaron Russo. Le privé était en effet fort bien introduit à Hollywood.Anthony Joseph Pellican Jr, petit-fils d'immigrés siciliens, né en 1944, a grandi dans un quartier ouvrier pauvre de Chicago (Illinois). C'est là qu'il a débuté comme détective privé, en reprenant le nom de famille d'origine, Pellicano. En 1977, il fait parler de lui pour la première fois, en prétendant avoir retrouvé le corps du troisième mari d'Elizabeth Taylor, Mike Todd, volé dans un cimetière de Chicago. Reconnaissante, la vedette de Cléopâtre avait introduit le privé dans le cercle de ses amis hollywoodiens.Il est alors embauché par l'avocat Howard Weitzman, qu'il aide à faire acquitter le riche industriel John DeLorean - soupçonné de trafic de cocaïne. En 1983, il s'installe à Los Angeles. Il a comme mentor, Fred Otash, un détective privé mêlé à pas mal de coups tordus et qui alimente, à l'époque, les potins mondains du magazine Confidential - qui inspirera le film du réalisateur Curtis Hanson, L.A. Confidential.Anthony Pellicano est, semble-t-il, intervenu dans maints dossiers célèbres : il aurait déniché des informations embarrassantes sur Patricia Bowman, la jeune femme qui avait accusé William Kennedy Smith de viol, ce qui a permis à ce dernier d'être acquitté. Il aurait, de même, prêté main-forte au gouverneur Bill Clinton, en fouillant dans le passé de Gennifer Flowers laquelle, en pleine campagne présidentielle de 1992, affirmait avoir eu une liaison avec le candidat à la Maison Blanche. On le retrouve à la même époque travaillant pour Michael Jackson, soupçonné pour la première fois publiquement de pédophilie.Ne reculant devant aucun moyen, Anthony Pellicano était redoutablement efficace. Depuis son arrestation, l'enquête a révélé qu'il avait enrôlé des employés de compagnies de télécommunications, comme Rayford Earl Turner, actuellement inculpé - qui avait placé sur écoutes la ligne téléphonique de la journaliste Anita Busch. En outre, Pellicano soudoyait des policiers du Los Angeles Police Department (LAPD), comme le sergent Mark Arneson, inculpé lui aussi, qui lui fournissait des fichiers de renseignements contenant les détails d'éventuelles infractions ou arrestations des conducteurs.
