Annonce "oui" l'emporte in extremis au référendum serbe sur le Kosovo La Serbie a approuvé de justesse par référendum, dimanche 29 octobre, une nouvelle Constitution affirmant sa souveraineté sur le Kosovo, après de pressants appels des autorités pour que les électeurs se mobilisent. La Constitution a été approuvée par 51,6 % des électeurs inscrits avec une participation de 53,5 %, selon une estimation du Centre pour les élections libres et la démocratie (Cesid), un organisme indépendant, agréé par l'Etat pour surveiller le déroulement du scrutin. Pour entrer en vigueur, elle devait être approuvée par plus de 50 % des électeurs inscrits. Le référendum, organisé exceptionnellement sur deux jours, a atteint in extremis, dans les dernières heures du scrutin, le taux de participation requis après que les autorités eurent multiplié les appels à se rendre aux urnes. "Nous pouvons dire avec un degré assez élevé de fiabilité que la majorité des électeurs a approuvé la Constitution", a déclaré le directeur du Cesid, Zoran Lucic. "C'est un moment historique", a estimé le premier ministre, Vojislav Kostunica, une fois connu le résultat du vote. "C'est le moment où la Serbie démontre clairement qu'elle veut protéger son unité et que le Kosovo est une partie intégrale de la Serbie", a-t-il ajouté à la télévision d'Etat serbe (RTS). "Les citoyens de Serbie ont décidé de soutenir la Serbie européenne" a dit le président serbe, Boris Tadic, se félicitant du choix de ses compatriotes. Notre but politique n'est pas seulement la nouvelle Constitution, mais aussi les normes européennes pour nos citoyens et finalement l'adhésion à l'Union européenne." RÉFÉRENDUM BOYCOTTÉ PAR LES KOSOVARS ALBANAIS Bruxelles a toutefois suspendu, en mai 2006, ses négociations de rapprochement avec Belgrade, sanctionnant ainsi l'incapacité des autorités serbes à arrêter le général Ratko Mladic, inculpé de génocide et crimes de guerre par la justice internationale. La nouvelle Constitution, approuvée à l'unanimité au Parlement fin septembre, a été critiquée par des petits partis d'opposition qui ont reproché aux autorités l'absence de débat national lors de son élaboration. A l'issue du vote, Cedomir Jovanovic, leader d'une de ces formations, a affirmé que le scrutin "avait été entaché par une série d'irrégularités". Les responsables électoraux doivent "faire leur possible pour éviter le moindre doute sur le vote lors du référendum", a souligné, par sa part, le président Tadic. Le référendum a été massivement boycotté par les Kosovars albanais, qui, depuis 1990, ne participent plus aux scrutins organisés par les autorités serbes. En Serbie, le taux le plus faible de participation a été enregistré dans la province multiethnique de Voïvodine (Nord). La nouvelle Constitution a été approuvée alors que le Kosovo, administré par l'ONU depuis 1999, doit obtenir, en principe avant la fin de l'année, un nouveau statut. Les Kosovars albanais, qui constituent 90 % de la population du Kosovo, réclament l'indépendance alors que Belgrade n'est disposé à accepter qu'une large autonomie. La nouvelle Constitution va remplacer celle promulguée en 1990 sous le régime autoritaire de Slobodan Milosevic. Elle définit pour la première fois depuis 1918 la Serbie comme un pays indépendant, prenant ainsi en compte le démantèlement de la Yougoslavie, achevé en mai 2006 avec l'indépendance du Monténégro.