Fait divers ORLÉANS Ecroué le 24 décembre, après la découverte dans son jardin du corps de la jeune femme enlevée à Orléans Le meurtrier de Muriel Reigada s'est pendu dans sa cellule On ne connaîtra peut-être jamais les circonstances ni le mobile du meurtre de Muriel Reigada, cette jeune femme de 33 ans enlevée devant son domicile dans la banlieue d'Orléans, le 3 décembre, et retrouvée morte trois semaines plus tard. Le meurtrier présumé, André Bouget, propriétaire du jardin où a été retrouvé le corps, s'est en effet donné la mort en se pendant, vendredi matin, dans sa cellule de la maison d'arrêt d'Orléans. Mis en examen pour «enlèvement et séquestration suivis de mort», André Bouget était incarcéré depuis le 24 décembre. Vendredi vers 8 heures, il aurait profité de la toilette matinale pour s'isoler de ses codétenus puis pour se pendre aux barreaux de la fenêtre à l'aide de lanières déchirées dans un drap. Découvert peu après et emmené dans un état critique au CHR d'Orléans, il n'a pu être ranimé et a été déclaré mort samedi matin. Une enquête interne à la maison d'arrêt ainsi qu'une information judiciaire ont été ouvertes samedi afin de déterminer les causes de la mort et d'établir si le suicide d'André Bouget est consécutif à un manque de surveillance. Le meurtrier présumé ne bénéficiait, semble-t-il, d'aucune mesure de protection, d'isolement ou de surveillance particulière. Les personnels de l'établissement se sont cependant retranchés derrière la surpopulation carcérale en expliquant qu'Orléans est «une des prisons les plus surpeuplées de France», avec 210 détenus pour 84 places et un surveillant pour 80 ou 90 prisonniers en détention provisoire. L'avocate d'André Bouget, Me Martine Verdier, a regretté de son côté «des dysfonctionnements dans la surveillance de M. Bouget», tandis que Me Castelli-Maurice, au nom de la famille Reigada, a qualifié ce suicide d'«énorme choc». Mêmes réactions dans les milieux judiciaires et au sein de la police. Certains enquêteurs ont ainsi manifesté leur «rage» et leur «incompréhension» face à la disparition du suspect principal qui risque de perturber sérieusement une enquête encore largement incomplète. André Bouget est en effet resté totalement silencieux depuis son arrestation. Mais les jours à venir s'annonçaient décisifs grâce aux résultats des analyses toxicologiques effectuées sur le corps de Muriel Reigada. Surtout, Bouget devait être confronté à son complice présumé, Irinel L., un Roumain de 26 ans interpellé le 31 décembre et placé depuis en détention à la prison de Blois. On ignore en effet encore les mobiles de l'enlèvement, les circonstances de la séquestration et de la mort de la jeune femme, les raisons de la mise en scène macabre de ses cheveux rasés.La personnalité d'André Bouget, homme apparemment sans histoire dans son voisinage, devait également être éclaircie. La police cherchait notamment à déterminer pourquoi cet homme, né au Maroc il y a 36 ans sous l'identité de Mohamed Bouajaj, avait francisé son nom : peut-être pour gommer un passé trop chargé ? Malgré ce suicide, l'action publique n'est pas éteinte. Elle repose désormais sur les seules épaules d'Irinel L., considéré comme complice de Bouget. Mis en examen des mêmes chefs que ce dernier – «enlèvement et séquestration suivis de mort» –, le jeune Roumain a limité son implication à la seule conduite de la voiture, alors que la police soupçonne une participation plus importante. Mais, sans contradicteur, Irinel L. peut désormais reporter sans risque l'entière responsabilité du crime sur André Bouget. La mort de Muriel Reigada pourrait donc rester sans réponse. Avec un deuil plus lourd encore à porter pour son mari et ses deux enfants, âgés de 4 ans et 18 mois.
