Annonce Onze Chinois tués en Afghanistan --- Onze ouvriers chinois et un Afghan ont été tués près de la ville de Kunduz, dans le Nord-Est, au cours de la plus meurtrière attaque contre des expatriés depuis la chute du régime des talibans fin 2001. La Chine a fermement condamné cette attaque et assure qu'elle "ne cédera pas au terrorisme". Onze ouvriers chinois, travaillant sur un projet de reconstruction de route, et un Afghan ont été tués par des "terroristes" dans la nuit de mercredi à jeudi sur leur base près de la ville de Kunduz, dans le nord-est de l'Afghanistan, au cours de la plus meurtrière attaque contre des expatriés depuis la chute du régime des talibans fin 2001. Cinq ouvriers chinois ont été blessés. Selon l'ambassade de Chine à Kaboul, des hommes armés ont attaqué vers 1 heure leur base et lieu de résidence près d'un chantier à environ 30 km au sud de Kunduz. L'attaque a eu lieu dans la zone de Jalawgeer, limitrophe avec la province de Baghlan. Selon l'agence Chine nouvelle, les assaillants étaient au nombre d'une vingtaine et des tirs ont été échangés avec des gardes chargés de la protection du site. L'attaque a duré une dizaine de minutes. L'ambassadeur chinois, Sun Yuxi, a quitté Kaboul dans la matinée pour se rendre sur place. Il s'agit de la première attaque du genre contre des intérêts chinois, et de l'attaque la plus meurtrière contre des expatriés depuis fin 2001. "C'est la première fois qu'autant d'étrangers sont tués en un unique incident", selon Lutfullah Mashal, porte-parole du ministère afghan de l'intérieur. Un responsable de l'ambassade, qui a requis l'anonymat, a fait savoir que les blessés seront acheminés vers un hôpital allemand à Kunduz, où opère un personnel civil supervisé par les forces allemandes. Aucune décision n'a été prise sur un éventuel retrait des ouvriers chinois de la région. Arrivées sur place "il y a quelques jours", les victimes travaillaient pour la China Railway Construction Shisiju Group Corporation sur un projet de reconstruction de la route Kunduz-Baghlan, dans une région considérée comme relativement sûre, à 250 kilomètres au nord de Kaboul. Kunduz, comme tout le Nord, était jusqu'à présent épargnée par l'insécurité qui touche le Sud et le Sud-Est, provoquée par les talibans et les combattants antigouvernementaux. La région est sous le contrôle du Tadjik Mohammad Daoud, l'un des plus fameux commandants de l'Alliance du Nord (coalition antitalibane) et de la faction moudjahidine (majoritairement tadjike) du Jamiat. Une importante communauté pachtoune vit dans cette province multiethnique, tête de pont des talibans dans tout le Nord sous le régime fondamentaliste. "UNE ACTION POLITIQUE" Mohammad Omar, gouverneur de la province de Kunduz, a imputé l'attentat à des activistes visant à déstabiliser le gouvernement du président Hamid Karzaï en attaquant des soldats étrangers et afghans, ainsi que des organisations non gouvernementales, à l'approche des élections prévues en septembre. M. Karzaï se trouve actuellement en visite aux Etats-Unis. "Il est certain qu'il s'agissait là d'une action politique", a-t-il déclaré. "Elle a été perpétrée par les ennemis de l'Afghanistan", a-t-il ajouté, employant une expression désignant généralement des talibans et des membres du réseau Al-Qaida, ou des miliciens aux ordres du chef de guerre et ancien premier ministre Gulbuddin Hekmatyar. Les motifs de l'attaque restent inconnus. La Chine avait apporté son soutien à la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. Elle a toutefois exprimé ses doutes sur la guerre en Irak. Une équipe militaro-humanitaire de reconstruction provinciale (PRT) sous commandement de l'ISAF (Force internationale d'assistance pour la sécurité en Afghanistan) est présente sur place. Environ 200 soldats de l'armée allemande y mènent des projets de reconstruction et d'assistance aux populations. La Chine est, depuis la chute du régime taliban fin 2001, très active dans le pays, y menant de nombreux projets de reconstruction. Les investisseurs chinois sont également très présents à Kaboul. LA CHINE RESTE FERME En voyage en Europe de l'Est, le président Hu Jintao a été rapidement informé après le meurtre des onze ouvriers chinois. "Il a fermement condamné cette attaque inhumaine et brutale", a déclaré Liu Jianchao, porte-parole du ministère des affaires étrangères à Pékin. "Il a exhorté le gouvernement afghan et la mission de l'ONU dans ce pays à mener une enquête qui aboutisse à l'arrestation des coupables ainsi qu'à assurer la sécurité des ouvriers et du personnel chinois en Afghanistan", a ajouté M. Liu, précisant que la Chine n'avait reçu aucune menace mais était persuadée qu'il s'agissait d'une attaque terroriste. "Le gouvernement chinois ne cédera pas au terrorisme, le peuple chinois non plus", a affirmé le porte-parole. "Nous appelons également la communauté internationale à renforcer la coopération pour combattre le terrorisme", a ajouté M. Liu. Les attaques contre les Chinois hors de Chine sont rares. Selon Chine nouvelle, le bilan des victimes de l'attaque de Kunduz est le plus lourd de ces deux dernières années. En mai, un attentat à la voiture piégée s'était produit sur le site d'un des plus grands projets de construction au Pakistan, causant la mort de trois techniciens chinois et faisant onze blessés. Le président pakistanais, Pervez Moucharraf, avait qualifié cet attentat d'"acte de terrorisme barbare". En avril, sept employés chinois du BTP avaient brièvement été pris en otage en Irak, à Fallouja, avant d'être libérés trente-six heures plus tard. Dans le cadre du réchauffement des relations sino-afghanes, la Chine a accepté d'effacer une partie de la dette contractée auprès d'elle par l'Afghanistan.