Ouverture OMC : une première journée sans grande avancée, sur fond de contestation Les 149 pays de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont commencé, mardi 13 décembre à Hongkong, une réunion de six jours, sans grand espoir d'avancée décisive sur la libéralisation des échanges mondiaux. Lors de son discours inaugural, le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a appelé à un accord de ses membres sur une relance des échanges mondiaux plus équitable envers les plus pauvres. "Il faut prendre des risques. Eviter les risques, y compris politiques, ne nous mènera à rien", a-t-il plaidé face au blocage qui menace non seulement la réunion de Hongkong, deux ans après l'échec retentissant de la précédente réunion de Cancun (Mexique), mais aussi l'ensemble du cycle de négociations de Doha lancé en 2001 au Qatar. Neuf blessés lors d'une manifestation Cette première journée a également été marquée par le rassemblement d'altermondialistes et de militants opposés à l'OMC. Une manifestation a réuni, selon les organisateurs, près de cinq mille personnes dans la cité chinoise. Cette manifestation s'est terminée par un accrochage avec les forces anti-émeutes de Hongkong, qui ont repoussé, à l'aide d'aérosols au poivre, une cinquantaine de contestataires qui tentaient de forcer un imposant cordon de policiers en leur jetant des bombes à eau. Neuf personnes, dont deux policiers, ont été légèrement blessées. Un peu plus tôt dans la journée, une poignée de militants étaient parvenus à pénétrer dans le bâtiment où se tient la réunion de l'OMC. Ils avaient réussi à perturber le discours inaugural de Pascal Lamy, en scandant "l'OMC tue les paysans !", "Non à l'OMC !". – (Avec AFP.) [-] fermer Toutefois, les dossiers qui fâchent – subventions à l'agriculture dans les pays riches, ouverture des marchés industriels et de services des pays en développement – sont restés en suspens. L'Union européenne surtout, ainsi que les Etats-Unis, sont accusés par les pays en développement de fausser les échanges mondiaux par le soutien important qu'ils apportent à leurs paysans. Le représentant au commerce américain, Rob Portman, a réclamé "des engagements" sur un meilleur accès au marché européen. LE "PAQUET DÉVELOPPEMENT" EN DISCUSSION L'Union européenne, elle, préfère se concentrer sur le "paquet développement", des mesures spécifiques d'aide aux pays les plus pauvres. Un accord sur ce "paquet développement" paraîtrait comme un pis-aller pour sauver le sommet de Hongkong d'un échec total, même si Pascal Lamy a demandé qu'il ne serve pas de "substitut à une négociation ambitieuse sur l'ensemble des sujets". Les grands pays émergents comme le Brésil ou l'Inde soupçonnent toutefois le Nord de vouloir, par ce biais, diviser le Sud. Le ministre du commerce indien, Kamal Nath, a ainsi mis en garde contre toute tentative de "dissection" du monde en développement. Sur ce "paquet développement", passant par une franchise de droits sur les importations de nombreux produits, la ministre déléguée au commerce extérieur française, Christine Lagarde, s'est félicitée des signaux envoyés par Tokyo et Washington. "On constate que le Japon a commencé à bouger, et les Etats-Unis ont aussi fait part de leur flexibilité pour bouger dans le même sens", a-t-elle déclaré. Dominique de Villepin a réaffirmé, de son côté, que la France s'opposerait à "tout accord partiel sur l'agriculture". "Nous souhaitons un accord global et équilibré, qui prenne en compte les intérêts de l'Europe dans l'industrie et les services, et qui soit bénéfique aux pays en voie de développement", a déclaré le premier ministre lors d'un débat sur l'Europe à l'Assemblée nationale.