Mort de officielle de Steve Fossett Recordman

Mort officielle de Steve Fossett Recordman des records : en avion, en ballon, en voilier, en planeur, sur un traîneau, à pied, à la nage ou à vélo, rien ne lui résistait. L'aventurier milliardaire américain Steve Fossett, qui a trompé la mort et taquiné ses limites sous toutes les latitudes, les a semble-t-il trouvées à 63 ans dans un banal accident d'avion. Parti d'un ranch du Nevada pour un vol d'agrément, lundi 3 septembre 2007, au manche d'un petit monomoteur, il n'a plus depuis donné signe de vie. Vendredi 15 février, un juge du tribunal des successions de Chicago l'a déclaré officiellement mort, à la demande de sa femme Peggy, qui souhaitait que sa fortune, "vaste, dépassant les huit chiffres (en dollars) en actifs liquides, diverses entités et immobilier", soit léguée selon son testament. Les recherches, intensives, qui avaient suivi sa disparition, avaient été interrompues le 3 octobre par l'Etat du Nevada. Le juge a estimé les preuves suffisantes pour statuer sur le décès de l'aventurier. Né dans le Tennessee, le scout Fossett manifeste dès l'adolescence un goût pour le dépassement de soi - puis des autres - contracté lors de l'ascension d'une montagne de Californie où il grandit. Plus de 300 sommets, dont le Cervin et l'Eiger, se plieront à sa passion, à l'exception des monts himalayens, qui l'ont curieusement toujours intimidé. Cet attrait pour l'exploit n'a cependant trouvé sa pleine mesure qu'à la quarantaine, fortune faite. Diplômé des prestigieuses universités de Stanford et de Washington (Saint Louis, Missouri), Steve Fossett entame sa carrière à Chicago, où il fait rapidement merveille dans la finance. Ses gains, il décide bientôt de les consacrer à des aventures de plus en plus onéreuses. Jamais il ne coupera le lien avec le monde de la Bourse. "Lors de la descente de l'Atlantique, Steve passait beaucoup de temps à lire où à contrôler les cours boursiers", témoignait Jacques Vincent, chef de quart à bord du Cheyenne, sur lequel Fossett a décroché en 2004 le record du tour du monde à la voile en équipage (58 jours, 9 heures). "C'est à la corbeille de la Bourse que j'ai appris à fonctionner de façon rationnelle, même dans les circonstances les plus extrêmes", rappelait celui qui avait eu plus d'une occasion de mettre ces leçons de méthodologie en pratique. Ce sang-froid de broker fera de lui "un survivant", le 16 août 1998. Le Solo-Spirit, le ballon gonflé à l'hélium avec lequel il tente alors un tour du monde survole à 9 000 mètres d'altitude la mer de Corail (Australie), lorsqu'il est touché par la foudre. C'est la chute, trop rapide, estime-t-il. Fossett s'extrait de la nacelle pour se délester des bidons de carburant, prépare sa cellule de survie, active sa balise de détresse et s'allonge en prévision du choc. Il y survivra, reprenant conscience dans une nacelle sur le point de sombrer, puis secouru après huit heures dans l'eau. Ces aventures en ballon témoignent aussi d'un autre trait de caractère, la ténacité : ce n'est qu'à la sixième tentative qu'il réalise le premier tour du monde en solitaire (2002). Mais son éclectisme, sa faculté à chambouler les hiérarchies dans des disciplines comme la course au large, où elles se construisaient patiemment, ne sont pas du goût de tous. Son refus de s'acquitter des 30 000 euros d'inscription au Trophée Jules-Verne (tour du monde à la voile en équipage) ternira son record établi en 2004 - et depuis reconquis par Bruno Peyron. Le Français avait alors salué la "performance sportive de l'équipage de Cheyenne", mais s'était dit "navré par la dérive individualiste de Steve". Celui-ci avait déjà la tête à une autre aventure. Sa boulimie donne le tournis. Ses mémoires ne s'intitulent-ils pas, dans leur version française, Mes 116 records du monde en mer et dans les cieux (2007, éditions Scali) ? Les plus marquants ? Outre son tour du monde en ballon (2002, 14 jours 19 heures 50 minutes, 33 195,10 km) et en catamaran (2004, 58 jours 9 heures), notons le premier vol en solitaire autour du monde sans escale ni ravitaillement (2005, 67 heures, 2 minutes 13 secondes). Bouclé à bord du Virgin-Atlantic-Global-Flyer, surnommé le "réservoir volant" par son concepteur Burt Rutan, ce record sera accompagné quelques mois plus tard celui du plus long vol jamais effectué d'une traite (41 467 km). En faisant appel à Burt Rutan, Fossett jouait gagnant : l'ingénieur de Mojave n'avait-il pas conçu le Voyager, premier avion à accomplir une tour du monde sans escale (1986), mais aussi SpaceShipOne, premier appareil privé à avoir atteint, en 2004, 100 km d'altitude ? Fossett a aussi battu les records de distance et d'altitude en planeur, de vitesse en dirigeable. Ses exploits lui ont valu de multiples distinctions, dont la médaille d'or de la Fédération aéronautique internationale (2002). Triathlète accompli, il avait aussi couru aux 24 Heures du Mans. Mais il semblait préférer se battre contre le temps ou l'espace que contre les humains. Son ami Richard Branson ne le soupçonnait-il pas de ne l'être lui-même qu'à moitié ? "Dans chaque course, il y a un vainqueur, mais le record signifie que vous avez navigué plus vite que n'importe qui avant vous, résumait Fossett. Le summum, c'est ce que j'appelle un "lifetime record", un record qui ne devrait pas être battu de votre vivant. Je crois que j'en ai quelques-uns." Sa disparition prématurée a figé ces "lifetime records". Aux derniers comptages, il en détenait encore 76. Un record. 22 avril 1944 Naissance à Jackson (Etats-Unis) 2002 Tour du monde en ballon 2004 Record du tour du monde à la voile en équipage 2005 Premier vol en solitaire autour du monde 2007 Disparition au-dessus du Nevada. Mort officielle