Annonce Nouvel assaut d'immigrés à MelillaESPAGNE Six émigrants africains ont trouvé la mort hier lors d'une tentative de franchissement de la clôture de l'enclave espagnole au MarocLes enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta, dans le nord du Maroc, sont prises d'assaut par un flot régulier d'Africains depuis plusieurs semaines.( SIX MORTS et une trentaine de blessés graves, tel est le bilan du nouvel assaut d'immigrés africains survenu hier à l'aube à la frontière de Melilla, l'enclave espagnole en territoire marocain. Au cours de cette tentative un seul immigré sur les mille assaillants aurait réussi à franchir la barrière de grillage et de barbelés encerclant Melilla. Cet assaut d'une grande violence, le huitième en un mois à cet endroit, a certes été repoussé grâce à la collaboration policière entre les forces de sécurité espagnoles et marocaines, mais s'est, encore une fois, soldé par des morts. Certaines des victimes ont été touchées par les balles de la police marocaine, d'autres sont mortes étouffées lors de la bousculade.«Face à la violence inouïe des assaillants, qui étaient poussés par l'énergie du désespoir, la police marocaine a légitimement défendu ses postes de surveillance devant le grillage», a indiqué une source du ministère marocain de l'Intérieur. Il y a une semaine, lors d'une tentative d'infiltration similaire, dans l'autre enclave espagnole de Ceuta, cinq immigrés avaient péri, fauchés par des balles marocaines.Déploiement de forceSelon José Palazon, délégué d'une ONG locale à Melilla: «L'Espagne figure en tête des pays où les Africains souhaitent s'installer alors que la France arrive en dernière position derrière la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les pays scandinaves et l'Italie.»Madrid et Rabat ont déployé de gros moyens pour tenter d'arrêter cette vague humaine: deux hélicoptères, l'un espagnol, l'autre marocain, survolent constamment la zone frontalière et des centaines de policiers des deux pays, dotés d'un important dispositif anti-émeute, ont été déployés tout le long de la frontière. «Les forces marocaines ont collaboré, c'est ce que nous attendions», a affirmé à la radio espagnole Cadena Ser le gouverneur de Melilla, Juan José Imbronda.Ce nouveau drame est intervenu alors que l'Espagne a décidé, hier soir, d'expulser vers le Maroc, 70 Africains entrés illégalement au cours des derniers jours à Melilla et dont la majorité est originaire du Mali. Fruit de la collaboration hispano-marocaine, les autorités espagnoles ont réussi à convaincre Rabat d'appliquer l'accord bilatéral signé en 1992 entre les deux pays, permettant à l'Espagne de rapatrier au Maroc les immigrés subsahariens entrés à Melilla et Ceuta.Politique d'immigration «trop généreuse»Le gouvernement de José Luis Zapatero serait également en pourparlers avec le Mali et le Ghana pour finaliser d'autres accords de rapatriement. Madrid a actuellement des ententes similaires avec l'Algérie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Nigeria.La réactivation de l'accord d'expulsion avec le Maroc devrait faire taire les critiques de l'opposition de droite, qui accusait le président du gouvernement espagnol de manquer de fermeté à l'égard de Rabat.Depuis le début des assauts, José Luis Zapatero a été souvent attaqué sur sa gestion de la crise par la classe politique espagnole. On lui reproche notamment d'avoir suscité ces vagues d'immigrants en ayant une politique d'immigration, considérée comme «trop généreuse». L'exécutif socialiste a mis en place au début de l'année un processus de régularisation massive durant trois mois, qui a permis à quelque 700 000 immigrés d'obtenir des papiers en règle.
