Procès Nouveau rebondissement au procès d'Outreau Aurélie Grenon, qui s'accusait du viol de quatre enfants, s'est rétractée mercredi devant la cour d'assises. Elle a également disculpé son ex-compagnon, David Delplanque. L'audience a été suspendue jusqu'à lundi. Mis en ligne le 19 mai 2004   Pour aller plus loin   Outreau : de la misère sociale au réseau de pédophilie ? (03/05/2004)   Outreau : la thèse du réseau s'écroule (18/05/2004)   Justice : les vies brisées des treize innocents d'Outreau (19/05/2004)   Procès d'Outreau: une instruction mise en doute (19/05/2004)   Se reconstruire une vie après une injustice, l'exemple de Jean Chouraqui (19/05/2004) De jour en jour, la confusion grandit dans le procès pour pédophilie d'Outreau. Après les brusques rétractations de Myriam Delay, mardi, concernant treize des dix-sept prévenus, il ne restait plus que le couple Delay et leurs voisins, Aurélie Grenon et son ex-compagnon David Delplanque, à être accusés de viols en réunion sur des enfants. Mais Aurélie Grenon, qui s'accusait elle aussi du viol de quatre enfants, s'est rétractée mercredi devant la cour d'assises et a disculpé son ex-compagnon. "Je n'ai jamais touché un enfant, j'aurais jamais été capable de le faire. Jamais. Elle le sait très bien", a-t-elle déclaré en parlant de Myriam Delay pendant que celle-ci continuait de l'accuser d'avoir participé aux viols. Interrogée à propos de David Delplanque, Aurélie Grenon, 23 ans, a affirmé : "En ma présence, il n'a jamais touché à aucun enfant". "Du début à la fin, on n'était que quatre" David Delplanque, 30 ans, avait reconnu le viol en réunion, de septembre à décembre 1998, des quatre enfants Delay, avec leurs parents et Aurélie Grenon. "Du début à la fin on n'était que quatre, en 1998", avait-il déclaré lors de la deuxième semaine du procès. Mercredi, David Delplanque et Thierry Delay ont été à leur tour interrogés sur leurs accusations à l'encontre d'Aurélie Grenon et ont tous les deux maintenu leurs déclarations lors du procès. "Pour moi, il y avait quatre personnes", a réitéré David Delplanque. "On était quatre", a approuvé Thierry Delay. Tous deux ont en revanche exclu les viols des enfants de David Delplanque. Plus tôt, à l'ouverture de l'audience, Myriam Delay a confirmé que seuls quatre des accusés ont participé aux viols de six enfants. "C'est vrai que j'ai brisé des vies, je pourrais pas demander pardon, c'est pas que je veux pas demander pardon, mais c'est un gros mot". Remises en liberté requises Les avocats de huit des 17 accusés ont demandé mercredi à la cour d'assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer, la mise en liberté de leurs clients sous contrôle judiciaire. La cour s'est retirée à 15H40 pour statuer sur les cas de Franck et Sandrine Lavier, Daniel Legrand père et fils, Dominique Wiel, Thierry Dausque, Pierre Martel et David Brunet. La partie civile ne s'est pas opposée à ces mises en liberté. L'avocat général, Gérald Lesigne, a requis la mise en liberté des huit accusés sous contrôle judiciaire. Mais seule l'une d'entre eux, Sandrine Lavier, a été libérée. L'audience a été suspendue jusqu'à lundi. La cour entendra alors les époux Delay et deux de leurs fils, Dylan et Jonathan. "Catastrophe judiciaire" Mardi, des avocats des accusés mis hors de cause mardi par leurs accusatrices dénoncent les dysfonctionnements de la justice. C'est une "catastrophe judiciaire", a déclaré Me Jean-Marc Viallat, s'insurgeant contre l'absence des avocats de la défense lors des confrontations. L'instruction menée par le juge Fabrice Burgaud, dont le premier poste était au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer, a été, selon Me Viallat "visiblement orientée". Image : Aurélie Grenon (LCI) Pour Badinter, le garde des Sceaux devra "présenter ses regrets"Robert Badinter, l'ancien ministre de la Justice de François Mitterrand, a estimé mercredi sur France 2 que "le garde des Sceaux, qui n'y est pour rien bien entendu, devrait présenter ses regrets" aux 13 accusés du procès de l'affaire de pédophilie d'Outreau si leur innocence était reconnue. Dominique Perben a répondu devant l'Assemblée nationale qu'il convenait d'attendre la fin du procès d'Outreau pour parler d'éventuelles "erreurs" de la justice. Fait rarissime, le procès a été commenté par le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé : "Si les déclarations faites hier se confirment, il s'agit de faits très graves. Toutes nos pensées vont vers ceux qui en ont été les victimes dans leur liberté, dans leur famille, dans leur honneur et dans leur intimité", a-t-il dit.