Annonce Nouveau rapport sur le scandale "Pétrole contre nourriture" Une commission indépendante, nommée par l'organisation internationale, met en cause les procédures "inefficaces" et "dispendieuses" mises en œuvre dans le cadre du programme destiné à l'Irak. Des contrôles défaillants, des millions de dollars perdus... Une commission d'enquête a pointé du doigt, lundi 10 janvier, le manque de rigueur de l'organisation dans le cadre du programme "Pétrole contre nourriture" de l'ONU en Irak. Cette commission indépendante, nommée par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et dirigée par l'ex-président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, a publié 58 rapports d'audit internes effectués de 1999 à 2004 par l'ONU sur ce programme. Elle estime qu'ils "décrivent des procédures inadéquates [...] dans de nombreuses catégories d'activité". Ils "offrent l'image de plusieurs organisations minées par le stress et le manque de ressources, qui trop fréquemment opéraient de façon inefficace et dispendieuse". Les défaillances dans les contrôles concernent tous les aspects du programme. En premier lieu, l'attribution, la gestion des contrats, ainsi que l'inspection des conditions de leur exécution, des domaines dont les pertes totales sont évaluées à 6,4 millions de dollars (4,87 millions d'euros). La gestion des comptes bancaires relatifs au programme est également mise en cause. Enfin, la commission d'enquête, qui a examiné les activités de la la Commission de compensation des Nations unies (UNCC), chargée des réparations octroyées au Koweït après l'invasion du pays par l'Irak en 1990, relève d'importantes défaillances dans ce domaine. Des défaillances qui se sont traduites par des sur-paiements, de l'ordre de 2,2 milliards de dollars (1,67 milliard d'euros). MISE EN CAUSE DE HAUTS DIRIGEANTS Un porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué que l'organisation était déterminée à "en tirer les leçons" et a également souligné que le programme avait quand même "atteint son objectif principal" ,qui était de soulager les souffrances de la population irakienne. Le programme "Pétrole contre nourriture", en vigueur de 1996 à 2003 pour alléger l'impact sur les Irakiens de l'embargo international imposé au régime de Saddam Hussein, permettait au régime de Bagdad de vendre du pétrole et d'acheter en échange des biens de consommation courante. D'une valeur totale de 64 milliards de dollars (48,7 milliards d'euros), il s'est trouvé perverti par le gouvernement irakien, et plusieurs milliards de dollars ont été détournés. Le scandale, révélé en janvier 2004, est une source d'embarras majeure pour l'ONU. Un journal irakien avait publié une liste de personnes ou d'entreprises qui auraient bénéficié de l'argent détourné. Le haut responsable de l'ONU qui était chargé de superviser le programme, Benon Sevan, a été mis en cause. Il a démenti toute malversation. Le nom de Kojo Annan, le fils de M. Annan, a également été avancé. Les documents publiés lundi, que l'ONU elle-même avait refusé de rendre publics, ne constituent qu'une partie de l'enquête menée par la commission Volcker. Elle doit publier un rapport intermédiaire sur son enquête fin janvier.