Ouverture "Nous sommes dans l'âge d'or de la BD" La bande dessinée du monde entier s'expose jeudi au Festival d'Angoulême. Cette 32e édition se veut le reflet d'une production foisonnante et originale, comme l'explique Jean-Marc Thévenet, le directeur général du festival. Les amateurs de cases et de bulles font des bonds. Le 32e Festival international de la bande dessinée d'Angoulêmedébute jeudi sous la présidence de Zep, le "pôpa" de Titeuf et lauréat du Grand prix de la Ville d'Angoulême en 2004. Au programme : des remises de prix, des expositions, des rencontres-dédicaces avec les auteurs mais aussi un marché des droits réservés aux professionnels, preuve que le 9e art représente un marché juteux. Des 14 récompenses décernées pendant les quatre jours du festival, six seront attribuées par le Grand jury, présidé par Titeuf, dont le prestigieux prix du meilleur album. Les amateurs de BD qui en sont restés à Tintin et Astérix risquent d'ailleurs d'avoir un choc en découvrant la 32e sélection officielle. Aux albums "traditionnels" qui narrent les aventures de héros sympathiques, ont été préférées des œuvres pointues, plus intimistes, voire plus sombres, dans lesquelles les auteurs se livrent davantage. Le récit n'est plus forcément linéaire, les codes de la BD classique sont balayés sans état d'âme. Quant au graphisme, il est souvent aux antipodes du style rond et élégant de l'école franco-belge. La sélection fait également la part belle aux mangas et aux comics qui, encore récemment, étaient méprisés par les "puristes" européens. "Accompagner toutes les oeuvres" l'affiche de la 32e édition du Festival d'Angoulême est signée Zep (DR). "Il s'agit plus d'une coïncidence que d'une volonté marquée", explique à tf1.fr Jean-Marc Thévenet, directeur général du festival. Et pourtant, il ne faut pas attendre longtemps avant de l'entendre revendiquer ces choix éditoriaux. "Une des vocations du Festival d'Angoulême est d'accompagner toutes les œuvres en matière de bande dessinée", souligne-t-il. "Certaines œuvres, comme L'Homme Sans talent de Yoshiharu Tsuge [en compétition pour le prix du meilleur album, NDLR], méritent d'être saluées et remarquées par le grand public pour le travail réalisé par l'auteur et l'éditeur" [éditions Ego comme X, NDLR], pointe Jean-Marc Thévenet. L'éventail des éditeurs représentés dans la sélection officielle s'est ainsi considérablement élargi. Poids lourds et moyens du secteur (Dargaud, Dupuis, Castermann, Glénat, Vent d'Ouest, Humanoïdes Associés…) partagent désormais l'affiche avec des éditeurs de taille plus petite mais tout aussi, voire plus, dynamiques, tels L'Association, La Boîte à Bulles, Rackham ou Six pieds sous Terre. "Nous sommes dans l'âge d'or de la BD", affirme Jean-Marc Thévenet, évoquant un art qui a su se diversifier et s'enrichir dans la forme comme dans le fond. Le Festival d'Angoulême est décidé à rendre compte de cette production foisonnante et à la faire découvrir à un public d'amateurs à la fois plus adultes et plus éclairés. La BD se porte bien 43,3 millions de BD ont été vendues en 2004, soit 13,8% de plus qu'en 2003. Plus d'un livre sur huit vendu en France était donc une BD, selon une étude récente de l'institut de marketing GFK. Le quart de ces ventes est assuré par les mangas (+4,5% en un an). En 2004, 3.070 titres ont été édités (21,5% de plus qu'en 2003), dont 754 mangas, genre qui a donc atteint 35,65% de l'ensemble des publications (30,11% seulement en 2003).