Refus Nicosie rejette l'offre turque d'ouvrir un port et un aéroport aux Chypriotes grecsLa République de Chypre a annoncé, jeudi 7 décembre, qu'elle rejetait l'offre d'Ankara d'ouvrir "un grand port" turc aux navires chypriotes grecs, après la menace d'une suspension des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne."Nous avons clairement dit à l'UE que ce n'était pas négociable", a déclaré le ministre des affaires étrangères chypriote, George Lillikas. "La Turquie a engagé des négociations d'adhésion avec l'UE à la condition qu'elle applique d'ici un an le protocole [étendant son union douanière]. Elle ne l'a pas fait", a-t-il ajouté. Selon le ministre, la nouvelle proposition turque "bafoue l'UE parce qu'elle est dépourvue de tout contenu sérieux".Jeudi matin, l'UE a annoncé que la Turquie avait proposé aux Vingt-Cinq d'honorer en partie ses engagements en ouvrant un port et un aéroport au trafic chypriote grec. Dans l'après-midi, un responsable turc a précisé que cette ouverture serait effective pour une durée d'un an. En échange, "la Turquie veut un règlement global de la question chypriote pendant ce temps", a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat. Il a précisé que la Turquie attendait de l'Union qu'elle lève les restrictions imposées sur la "République turque de Chypre du Nord" – qu'Ankara est seul à reconnaître – en ouvrant notamment l'aéroport d'Ercan, située dans le secteur turc de l'île, au trafic international."SI CE PAS SE CONFIRME, C'EST UN PAS TRÈS IMPORTANT"Dans l'après-midi, cette décision turque a été saluée par l'UE, qui reste cependant prudente. "Si ce pas se confirme, c'est évidemment un pas très important dans le sens de l'application complète du protocole d'Ankara", a estimé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le président du conseil italien, Romano Prodi, a également estimé que cette offre est "une ouverture", lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande, Angela Merkel. "Ensemble, nous travaillerons avec la présidence finlandaise pour reprendre le dialogue qui s'était interrompu", a-t-il ajouté.La Turquie a signé en 2005 un protocole qui étend son union douanière avec l'UE aux dix Etats entrés dans le bloc européen en 2004. Mais elle refuse toujours de l'appliquer à l'un de ces dix Etats, la partie grecque de Chypre, dans le sud de l'île divisée depuis 1974, en lui refusant l'accès à ses ports et aéroports. En raison de ce refus, la Commission a recommandé mercredi dernier la suspension de huit des trente-cinq chapitres qui jalonnent les pourparlers d'adhésion de la Turquie.
