Condamnation Neuf ans de prison pour le bras droit de Berlusconi Condamné pour collusion avec la Mafia, Marcello Dell'Utri va faire appel. Fondateur de Forza Italia et ancien dirigeant de Publitalia, la régie publicitaire de Silvio Berlusconi, le sénateur Marcello Dell'Utri serait aussi un «ambassadeur de Cosa Nostra». Samedi matin, ce très proche collaborateur du Cavaliere a été condamné en première instance à neuf ans de réclusion pour complicité d'association mafieuse et interdit à vie d'exercer toute fonction publique. Le tribunal de Palerme a suivi les conclusions des procureurs Antonio Ingroia et Domenico Gozzo qui, au terme de sept ans de procès, avaient soutenu que Marcello Dell'Utri «était le garant des intérêts mafieux à l'intérieur de la Fininvest». Contacts. Ce verdict de Palerme jette une ombre inquiétante sur l'empire économique et l'ascension politique du chef du gouvernement Silvio Berlusconi, à peine relaxé (grâce à la prescription du délit) dans le procès de Milan où il était accusé de corruption de magistrats (Libération du 11 décembre). Selon les procureurs, dès le début des années 70, le Sicilien Marcello Dell'Utri aurait été chargé par la Pieuvre d'établir des contacts avec Silvio Berlusconi, rencontré quelques années plus tôt sur les bancs de l'université à Milan. C'est notamment Dell'Utri qui aurait été «l'artisan de l'engagement de Vittorio Mangano dans la villa de Berlusconi». Aujourd'hui décédé, cet «homme d'honneur» palermitain avait été embauché dans les années 70, officiellement comme garçon d'écurie dans la demeure lombarde du Cavaliere, avant d'être par la suite condamné à perpétuité pour homicide et association mafieuse. Ce recrutement aurait constitué, selon le procureur Antonio Ingroia, «un énorme renforcement de Cosa Nostra», plaçant Mangano dans l'entourage du futur magnat de la communication. C'est encore Dell'Utri qui, à peu près à la même période, aurait permis la rencontre entre Berlusconi et le chef de la mafia de l'époque, Stefano Bontade. Les sulfureuses relations de Marcello Dell'Utri avec la Pieuvre se seraient poursuivies avec les nouveaux patrons de Cosa Nostra, Nitto Santapaola et Toto Riina. Soutien. Grâce aux bons offices de l'ami Marcello, la mafia aurait fait cesser les attentats contre les supermarchés de Berlusconi en Sicile et se serait employée à drainer de l'argent en direction des caisses de la Fininvest. Au début des années 90, l'homme d'affaires palermitain aurait négocié le soutien électoral de Cosa Nostra en Sicile après la création de Forza Italia. «J'ai compris que la justice n'appartient pas à ce monde», a commenté samedi Marcello Dell'Utri qui a annoncé son intention de faire appel. Au cours du procès, ses avocats avaient récusé les déclarations des dizaines de mafieux repentis qui l'accusent. Selon la défense, ces anciens parrains auraient témoigné pour obtenir en échange des remises de peines ou des avantages matériels. De fait, les dépositions des «collaborateurs de justice» sont parfois contradictoires et défaillantes. Mais pour le parquet, d'autres preuves (notamment plusieurs écoutes téléphoniques) permettraient d'identifier «57 faits spécifiques» démontrant la collusion entre Marcello Dell'Utri et la mafia. D'abord soupçonné d'être complice, Silvio Berlusconi n'a été finalement convoqué par les juges qu'en tant que témoin. Selon le parquet, il aurait même été victime des agissements de Dell'Utri. Samedi, le président du Conseil n'a fait aucun commentaire public sur le verdict. Il y a quelques jours, il avait néanmoins indiqué : «Sur l'innocence de Marcello, je mets mes deux mains au feu.» Au point de lui avoir confié récemment le soin de préparer la prochaine campagne de Forza Italia.